64e Festival de Cannes : Revoilà Biyouna !
La source des femmes est un film folklorique qui rappelle les stéréotypes du cinèma colonial.
Le cinéma français était très présent au Festival de Cannes. Dans la section officielle, les films de Cavalier, Bonello, Maiwen, Honoré, Mihaileanu... étaient présents. Un territoire conquis. Variation de thèmes, multiples personnages, état des lieux du cinéma en France aujourd’hui. Il ne manquait que Téchiné. A la quinzaine des réalisateurs, on a redécouvert Cavalier qui fraye lui-même, derrière et devant la caméra dans Pater, avec son acteur et ami Vincent Lindon, ils rient ensemble de tout et de rien, ils boivent du Porto, ils mettent des costumes-cravates pour singer les «hommes du pouvoir». Grand numéro d’acteurs. Mise en scène moderne, sans ennui, sans académisme.
Pas comme le théâtral et pesant d’ennui L’Appollonide, de Bonello. Une histoire de maisons closes, vieillotte, triste, fiction pauvre, progression linéaire. Poliss, autre film français, d’une femme-cinéaste Maiwenn, ne vaut pas plus. Un simple épisode d’un feuilleton Tv mille fois vu. Quotidien d’une brigade de police. Passionnant... Cela ne ressemble pas aux films habituels de la prestigieuse compétition. Le jury n’a vu que du feu et lui a donné un prix ! En éliminant le chef d’œuvre Le Havre, d’Aki Kaurismaki. Cette élimination étonnante du palmarès a secoué les journalistes à Cannes, Kaurismaki ayant acquis une grande aura parmi eux parce que son film est un vrai bijou. Et revoilà Biyouna ! Parmi d’autres actrices maghrébines dans La Source des femmes, du Franco-Roumain Mihaileanu. C’est un film qui trompe son beau titre, qui excelle dans le folklore, une copie conforme du cinéma colonial.
C’est tourné au Maroc, alors on a droit au couscous, au hammam, aux hommes dans un café, les femmes portant l’eau et le bois pour le repas, etc. C’est quelque chose de simplement pas honnête ni logique. C’est censé raconter la révolte des femmes dans un village sans eau, mais on voit ces mêmes femmes dans un hammam ! Le récit dérape sans cesse dans le faux. Le réalisateur se sert des actrices en alignant des clichés idiots, entraînant Biyouna, Leïla Bakhti, Hiam Abbas, Sabrina Ouazzani dans des situations agaçantes, dans une très mince intrigue, dans des rôles nettement fabriqués pour faire rire le public européen. Exemple d’un cliché terrible, honteux : on voit Biyouna sur un âne faisant un appel sur son téléphone portable... Rires idiots et sonores dans la salle. Un cauchemar pour qui a vu Biyouna dans les beaux films de Nadir Moknèche. Mais comment et pourquoi l’actrice est-elle tombée dans ce naufrage ?
Azzedine Mabrouki
La source des femmes est un film folklorique qui rappelle les stéréotypes du cinèma colonial.
Le cinéma français était très présent au Festival de Cannes. Dans la section officielle, les films de Cavalier, Bonello, Maiwen, Honoré, Mihaileanu... étaient présents. Un territoire conquis. Variation de thèmes, multiples personnages, état des lieux du cinéma en France aujourd’hui. Il ne manquait que Téchiné. A la quinzaine des réalisateurs, on a redécouvert Cavalier qui fraye lui-même, derrière et devant la caméra dans Pater, avec son acteur et ami Vincent Lindon, ils rient ensemble de tout et de rien, ils boivent du Porto, ils mettent des costumes-cravates pour singer les «hommes du pouvoir». Grand numéro d’acteurs. Mise en scène moderne, sans ennui, sans académisme.
Pas comme le théâtral et pesant d’ennui L’Appollonide, de Bonello. Une histoire de maisons closes, vieillotte, triste, fiction pauvre, progression linéaire. Poliss, autre film français, d’une femme-cinéaste Maiwenn, ne vaut pas plus. Un simple épisode d’un feuilleton Tv mille fois vu. Quotidien d’une brigade de police. Passionnant... Cela ne ressemble pas aux films habituels de la prestigieuse compétition. Le jury n’a vu que du feu et lui a donné un prix ! En éliminant le chef d’œuvre Le Havre, d’Aki Kaurismaki. Cette élimination étonnante du palmarès a secoué les journalistes à Cannes, Kaurismaki ayant acquis une grande aura parmi eux parce que son film est un vrai bijou. Et revoilà Biyouna ! Parmi d’autres actrices maghrébines dans La Source des femmes, du Franco-Roumain Mihaileanu. C’est un film qui trompe son beau titre, qui excelle dans le folklore, une copie conforme du cinéma colonial.
C’est tourné au Maroc, alors on a droit au couscous, au hammam, aux hommes dans un café, les femmes portant l’eau et le bois pour le repas, etc. C’est quelque chose de simplement pas honnête ni logique. C’est censé raconter la révolte des femmes dans un village sans eau, mais on voit ces mêmes femmes dans un hammam ! Le récit dérape sans cesse dans le faux. Le réalisateur se sert des actrices en alignant des clichés idiots, entraînant Biyouna, Leïla Bakhti, Hiam Abbas, Sabrina Ouazzani dans des situations agaçantes, dans une très mince intrigue, dans des rôles nettement fabriqués pour faire rire le public européen. Exemple d’un cliché terrible, honteux : on voit Biyouna sur un âne faisant un appel sur son téléphone portable... Rires idiots et sonores dans la salle. Un cauchemar pour qui a vu Biyouna dans les beaux films de Nadir Moknèche. Mais comment et pourquoi l’actrice est-elle tombée dans ce naufrage ?
Azzedine Mabrouki