Exposition collective à la galerie Racim
L’Inde dévoile ses mystères
Jusqu’au 20 mars prochain, la galerie Racim est à l’heure indienne. En effet, l’exposition Women by Women est une invitation à l’exploration et la découverte du pays des mille et un mystères. Mais que connaît-on de l’Inde, à part son cinéma ? Pas grand-chose, et pourtant, l’Inde est l’une des représentations artistiques la plus parfaite qui atteste de la coexistence pacifique entre les cultures, de la diversité et du métissage grandiose et si extraordinaire entre la culture ancestrale et moderne.
C’est dans une perspective d’exploration et de découverte d’un art pictural méconnu chez nous que cette exposition est organisée sous le patronage de la ministre de la Culture, en collaboration avec l’ambassade de la République de l’Inde à Alger et l’Union nationale des arts culturels (Unac). Women by Women est en fait une exposition collective d’une cinquantaine d’artistes indiennes de différentes orientations et tendances et qui représentent l’art pictural contemporain indien. Les 56 toiles exposées donnent un aperçu de la peinture indienne. Elles se confondent, se complètent mais ne se ressemblent pas. Toutefois, toutes tendent à transposer et rendre compte de l’image de la femme indienne.
Cette femme qui est à la fois fille, sœur, mère, amante, déesse, protectrice… Elle est parfois soumise et résignée et tantôt libre et émancipée. L’œuvre tout en couleur “Vers l’horizon” de Meena Kumari Silpak, est empreinte d’un certain conservatisme puisqu’elle représente le rêve de chaque jeune fille de créer sa propre maison. Cela ne prouve pas l’émancipation de la femme mais plutôt sa résignation et sa soumission.
On est encore dans le rêve et non dans l’ambition. Cette résignation, on la retrouve également dans d’autres tableaux, notamment les portraits, à l’exemple de “Détachement” de l’artiste Anita Tanwar qui peint une femme au visage ravagé par le temps, bien sûr, mais également par les souffrances ; ou encore “Rêver” de la peintre Pritam Bhatty, qui a décrit une femme songeuse qui a l’air d’avoir renoncé à tout, même à la vie, mais qui, grâce à la nuance des couleurs et leur choix, est parvenue à présenter la femme dans sa complexité. Le tableau “Trois amies” de Hema Jyoti s’inscrit dans la même démarche descriptive de l’intériorité et la complexité de la femme indienne, utilisant ainsi des couleurs “imposantes” que sont le rouge et le bleu pour décrire justement la force intérieure de la femme. L’artiste Hema Guha va jusqu’à nier l’identité de la femme dans la toile “Pas d’identité” où elle présente une longue file de silhouettes de femmes qui sont d’ailleurs de dos. Celles-ci tournent le dos au monde entier puisqu’elles sont à l’origine de leur propre condition ; elles sont fautives et n’ont droit à l’identité qui devient ainsi une quête et non un acquis. En revanche, il y a d’autres œuvres qui ne laissent pas le visiteur indifférent et marquent par leur profondeur, comme celle de l’artiste Kanthi Tripathi, fortement inspirée de l’art cubique, et qui représente une femme avec de grands yeux magnifiques qui regardent avec tristesse —toutefois— vers le bas. Sa bouche également tire vers le bas. La femme est triste… et les couleurs utilisées par Kanthi ne font que conforter ce sentiment. Et puis, il y a ce magnifique tableau intitulé “Amazone” de l’artiste Bina Mishra qui représente la déesse chasseresse Artémis (dans la mythologie grecque et Diane dans la mythologie romaine) ainsi que la divinité indienne Durga, déesse-mère, qui symbolise l’unité des forces divines et qui se manifeste lorsque le mal devient menaçant. Bina Mishra a tenté et réussi à mettre en parallèle et confronter deux cultures, afin de mettre en évidence la place et le rôle de la femme dans chacune des deux cultures. Des femmes de grande importance de l’artiste Neha Arora —dont la plupart des œuvres appartiennent à l’art figuratif— est un tableau audacieux et mystérieux. ہ mi-chemin entre le réalisme et l’abstrait, l’œuvre de Neha Arora est une représentation de la femme émancipée, mûrie et que plus rien n’effraie dans la vie…
Mais elle reste tout de même vulnérable. En somme, cette exposition haute en couleur représente le regard que portent les artistes indiennes sur les femmes qui sont complexes dans leur simplicité. Par cette exposition collective, la femme brise les chaînes de la prison du conservatisme et se délie du protectionnisme masculin ; d’ailleurs, l’homme n’apparaît dans aucun tableau. ہ voir impérativement !
Sara Kharfi
L’Inde dévoile ses mystères
Jusqu’au 20 mars prochain, la galerie Racim est à l’heure indienne. En effet, l’exposition Women by Women est une invitation à l’exploration et la découverte du pays des mille et un mystères. Mais que connaît-on de l’Inde, à part son cinéma ? Pas grand-chose, et pourtant, l’Inde est l’une des représentations artistiques la plus parfaite qui atteste de la coexistence pacifique entre les cultures, de la diversité et du métissage grandiose et si extraordinaire entre la culture ancestrale et moderne.
C’est dans une perspective d’exploration et de découverte d’un art pictural méconnu chez nous que cette exposition est organisée sous le patronage de la ministre de la Culture, en collaboration avec l’ambassade de la République de l’Inde à Alger et l’Union nationale des arts culturels (Unac). Women by Women est en fait une exposition collective d’une cinquantaine d’artistes indiennes de différentes orientations et tendances et qui représentent l’art pictural contemporain indien. Les 56 toiles exposées donnent un aperçu de la peinture indienne. Elles se confondent, se complètent mais ne se ressemblent pas. Toutefois, toutes tendent à transposer et rendre compte de l’image de la femme indienne.
Cette femme qui est à la fois fille, sœur, mère, amante, déesse, protectrice… Elle est parfois soumise et résignée et tantôt libre et émancipée. L’œuvre tout en couleur “Vers l’horizon” de Meena Kumari Silpak, est empreinte d’un certain conservatisme puisqu’elle représente le rêve de chaque jeune fille de créer sa propre maison. Cela ne prouve pas l’émancipation de la femme mais plutôt sa résignation et sa soumission.
On est encore dans le rêve et non dans l’ambition. Cette résignation, on la retrouve également dans d’autres tableaux, notamment les portraits, à l’exemple de “Détachement” de l’artiste Anita Tanwar qui peint une femme au visage ravagé par le temps, bien sûr, mais également par les souffrances ; ou encore “Rêver” de la peintre Pritam Bhatty, qui a décrit une femme songeuse qui a l’air d’avoir renoncé à tout, même à la vie, mais qui, grâce à la nuance des couleurs et leur choix, est parvenue à présenter la femme dans sa complexité. Le tableau “Trois amies” de Hema Jyoti s’inscrit dans la même démarche descriptive de l’intériorité et la complexité de la femme indienne, utilisant ainsi des couleurs “imposantes” que sont le rouge et le bleu pour décrire justement la force intérieure de la femme. L’artiste Hema Guha va jusqu’à nier l’identité de la femme dans la toile “Pas d’identité” où elle présente une longue file de silhouettes de femmes qui sont d’ailleurs de dos. Celles-ci tournent le dos au monde entier puisqu’elles sont à l’origine de leur propre condition ; elles sont fautives et n’ont droit à l’identité qui devient ainsi une quête et non un acquis. En revanche, il y a d’autres œuvres qui ne laissent pas le visiteur indifférent et marquent par leur profondeur, comme celle de l’artiste Kanthi Tripathi, fortement inspirée de l’art cubique, et qui représente une femme avec de grands yeux magnifiques qui regardent avec tristesse —toutefois— vers le bas. Sa bouche également tire vers le bas. La femme est triste… et les couleurs utilisées par Kanthi ne font que conforter ce sentiment. Et puis, il y a ce magnifique tableau intitulé “Amazone” de l’artiste Bina Mishra qui représente la déesse chasseresse Artémis (dans la mythologie grecque et Diane dans la mythologie romaine) ainsi que la divinité indienne Durga, déesse-mère, qui symbolise l’unité des forces divines et qui se manifeste lorsque le mal devient menaçant. Bina Mishra a tenté et réussi à mettre en parallèle et confronter deux cultures, afin de mettre en évidence la place et le rôle de la femme dans chacune des deux cultures. Des femmes de grande importance de l’artiste Neha Arora —dont la plupart des œuvres appartiennent à l’art figuratif— est un tableau audacieux et mystérieux. ہ mi-chemin entre le réalisme et l’abstrait, l’œuvre de Neha Arora est une représentation de la femme émancipée, mûrie et que plus rien n’effraie dans la vie…
Mais elle reste tout de même vulnérable. En somme, cette exposition haute en couleur représente le regard que portent les artistes indiennes sur les femmes qui sont complexes dans leur simplicité. Par cette exposition collective, la femme brise les chaînes de la prison du conservatisme et se délie du protectionnisme masculin ; d’ailleurs, l’homme n’apparaît dans aucun tableau. ہ voir impérativement !
Sara Kharfi