La « beautiful dynamite »
LES PLUS BELLES jambes de l'histoire du cinéma ont quitté les planches mardi. Mais pas l'écran, ni notre imaginaire.
Cyd Charisse et Fred Astaire. Photo : D.R.
Une robe d'un vert tirant sur le bleu, dont les franges mettent en valeur les cuisses fuselées, des cheveux coupés à la Louise Brooks, un porte-cigarettes et une attitude altière. Un nuage de fumée s'échappe de ses lèvres, qui embrase Gene Kelly. C'est Cyd Charisse dans la fameuse scène de « Broadway Melody », le rêve de l'acteur-danseur-réalisateur de Chantons sous la pluie. C'est un des plus beaux films jamais tournés, et Cyd Charisse y est pour quelque chose, elle qui, échappée de l'imaginaire de Kelly, entre ainsi dans notre imaginaire à tous.
Elle est décédée mardi, à 87 ans, à Los Angeles. Une crise cardiaque. Elle n'avait plus tourné de vrais bons films depuis longtemps mais qu'importe, elle vivait sur l'écran blanc de nos nuits noires : dans Brigadoon, Tous en scène, La belle de Moscou, Traquenard, etc. Elle dansait formidablement, gracieuse, souveraine. Elle était la femme rêvée alors que Ginger Rogers était la fille d'à côté. Fred Astaire la surnommait « beautiful dynamite » : « Elle n'est pas juste une danseuse de claquettes, disait-il : elle est simplement belle, douée, très forte dans ce qu'elle entreprend. Quand nous dansions ensemble, nous ne faisons plus attention à l'heure. »
Elle était née Tula Ellice Finklea. Elle avait eu la polio, elle était frêle et avait commencé la danse pour se muscler les jambes. Réussite totale. « En toute honnêteté l'idée de travailler pour le cinéma ne m'avait jamais effleurée, raconte-t-elle dans ses mémoires en 1976. J'étais danseuse, pas actrice. Je ne me faisais aucune illusion sur moi-même. Je ne pouvais pas jouer, je n'avais jamais joué. Comment aurais-je pu devenir une star de cinéma ? »
Elle en devint quand même une, et une racée. Un bout de danse dans Something to shout about, de Ratoff, en 1943. Et MGM lui signe un contrat. Et voilà la série des comédies musicales en technicolor de Ziegfield Follies de Minnelli en 1945 à La belle de Moscou de Mamoulian en 1957. Elle dansait, avec Kelly, avec Astaire, et elle émerveillait. Elle a aussi joué l'actrice.
Et bien. Admirez-la dans Traquenard, de Nicholas Ray, avec Robert Taylor, un film noir baroque et somptueux : elle y est belle à couper le souffle.
LES PLUS BELLES jambes de l'histoire du cinéma ont quitté les planches mardi. Mais pas l'écran, ni notre imaginaire.
Cyd Charisse et Fred Astaire. Photo : D.R.
Une robe d'un vert tirant sur le bleu, dont les franges mettent en valeur les cuisses fuselées, des cheveux coupés à la Louise Brooks, un porte-cigarettes et une attitude altière. Un nuage de fumée s'échappe de ses lèvres, qui embrase Gene Kelly. C'est Cyd Charisse dans la fameuse scène de « Broadway Melody », le rêve de l'acteur-danseur-réalisateur de Chantons sous la pluie. C'est un des plus beaux films jamais tournés, et Cyd Charisse y est pour quelque chose, elle qui, échappée de l'imaginaire de Kelly, entre ainsi dans notre imaginaire à tous.
Elle est décédée mardi, à 87 ans, à Los Angeles. Une crise cardiaque. Elle n'avait plus tourné de vrais bons films depuis longtemps mais qu'importe, elle vivait sur l'écran blanc de nos nuits noires : dans Brigadoon, Tous en scène, La belle de Moscou, Traquenard, etc. Elle dansait formidablement, gracieuse, souveraine. Elle était la femme rêvée alors que Ginger Rogers était la fille d'à côté. Fred Astaire la surnommait « beautiful dynamite » : « Elle n'est pas juste une danseuse de claquettes, disait-il : elle est simplement belle, douée, très forte dans ce qu'elle entreprend. Quand nous dansions ensemble, nous ne faisons plus attention à l'heure. »
Elle était née Tula Ellice Finklea. Elle avait eu la polio, elle était frêle et avait commencé la danse pour se muscler les jambes. Réussite totale. « En toute honnêteté l'idée de travailler pour le cinéma ne m'avait jamais effleurée, raconte-t-elle dans ses mémoires en 1976. J'étais danseuse, pas actrice. Je ne me faisais aucune illusion sur moi-même. Je ne pouvais pas jouer, je n'avais jamais joué. Comment aurais-je pu devenir une star de cinéma ? »
Elle en devint quand même une, et une racée. Un bout de danse dans Something to shout about, de Ratoff, en 1943. Et MGM lui signe un contrat. Et voilà la série des comédies musicales en technicolor de Ziegfield Follies de Minnelli en 1945 à La belle de Moscou de Mamoulian en 1957. Elle dansait, avec Kelly, avec Astaire, et elle émerveillait. Elle a aussi joué l'actrice.
Et bien. Admirez-la dans Traquenard, de Nicholas Ray, avec Robert Taylor, un film noir baroque et somptueux : elle y est belle à couper le souffle.