La Joconde passe au « X »
Sous le regard perçant de la fluorescence X, les multiples couches de glacis des oeuvres de Léonard De Vinci se précisent. Elles racontent en détail l'histoire de ces tableaux. Et permettent d'en affiner la datation.
composition de la matière sans en p
C'est entendu : le sourire de la Joconde est et reste énigmatique. Ce qui l'est nettement moins par contre depuis quelques jours, c'est l'histoire « chimique » de cette œuvre de Léonard De Vinci.
Avec six autres tableaux du maître (L'Annonciation, La Vierge aux rochers, La Belle Ferronnière, Sainte-Anne, la Vierge et l'Enfant, Saint Jean-Baptiste et Bacchus), la belle a été soumise à un test de fluorescence X.
Ce type d'examen ne laisse rien au hasard. Ainsi « déshabillée » par les experts parisiens, la Joconde a livré quelques-uns de ses secrets les mieux gardés, notamment sur les trucs utilisés par l'artiste pour quasiment « donner vie » à ce célébrissime portrait.
Pour la première fois en effet, une analyse chimique quantitative, et sans prélèvement de matière, a été effectuée sur sept tableaux du musée du Louvre par l'équipe de Philippe Walter. Ce spécialiste du Laboratoire du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France s'intéressait à la technique du « sfumato » qu'affectionnait le peintre.
« Le sfumato est cette technique picturale qui donne un aspect vaporeux aux tableaux de Léonard De Vinci, rappelle l'équipe. Elle est le fruit du génie de l'artiste et le résultat des innovations techniques du début XVIe siècle. En jouant sur des superpositions de couches de couleur et de glacis, elle permet ces effets optiques si particuliers qui donnent un effet artistique vaporeux aux portraits. Elle estompe les contours, adoucit les transitions et fond les ombres comme une fumée », précise-t-elle dans la revue scientifique Angewandte Chemie International Edition.
« Des observations minutieuses, des mesures optiques et diverses reconstitutions avaient déjà permis de décrire le sfumato, explique David Strivay, directeur du laboratoire européen d'archéométrie, situé à l'Université de Liège. Ce qui est neuf avec les travaux de Philippe Walter, c'est l'étude quantitative des éléments chimiques utilisés par Léonard De Vinci. Cette étude révèle la composition et l'épaisseur de chaque couche de matière déposée par le peintre. »
Trente couches de glacis
« Ses travaux montrent que, dans le cas des glacis, ces fines couches translucides, principalement organiques, et qui contiennent peu de pigment, le peintre a travaillé pendant des années, superposant parfois jusqu'à trente couches épaisses d'un à deux micromètres (un à deux millième de millimètre), précise David Strivay. C'est cette superposition de glacis qui permet de créer profondeur et volume. »
Un autre aspect remarquable de cette étude est la vitesse à laquelle ces examens ont été réalisés, semble-t-il.
Certains tableaux ne sont pas accessibles toute l'année. Au Louvre, La Joconde ne sort que rarement de son écrin. Avant de la passer aux rayons X, il y a donc eu un long et méticuleux travail de préparation en amont réalisé par l'équipe.
« Ici aussi la technique utilisée est intéressante. Il s'agit de la fluorescence X, précise le spécialiste belge, qui y a déjà eu recours dans le cadre d'une étude de fresques égyptiennes de la nécropole de Louxor. Il s'agit d'une technique active. Contrairement à une radiographie classique et passive, qui transperce l'œuvre et vient impressionner un détecteur sensible placé derrière elle, la fluorescence X émet des rayons qui sont partiellement réfléchis en fonction de la matière rencontrée. C'est grâce à cela que l'équipe du Louvre a pu déterminer la composition exacte de chaque couche et d'ainsi en dériver leur temps de séchage et ainsi, l'histoire de chaque œuvre. »
Les résultats de l'équipe française ouvrent désormais une nouvelle perspective. Celle de proposer une nouvelle datation des tableaux de Léonard De Vinci. Après être passée au X, la Joconde risque bien de prendre quelques rides.
Sous le regard perçant de la fluorescence X, les multiples couches de glacis des oeuvres de Léonard De Vinci se précisent. Elles racontent en détail l'histoire de ces tableaux. Et permettent d'en affiner la datation.
composition de la matière sans en p
C'est entendu : le sourire de la Joconde est et reste énigmatique. Ce qui l'est nettement moins par contre depuis quelques jours, c'est l'histoire « chimique » de cette œuvre de Léonard De Vinci.
Avec six autres tableaux du maître (L'Annonciation, La Vierge aux rochers, La Belle Ferronnière, Sainte-Anne, la Vierge et l'Enfant, Saint Jean-Baptiste et Bacchus), la belle a été soumise à un test de fluorescence X.
Ce type d'examen ne laisse rien au hasard. Ainsi « déshabillée » par les experts parisiens, la Joconde a livré quelques-uns de ses secrets les mieux gardés, notamment sur les trucs utilisés par l'artiste pour quasiment « donner vie » à ce célébrissime portrait.
Pour la première fois en effet, une analyse chimique quantitative, et sans prélèvement de matière, a été effectuée sur sept tableaux du musée du Louvre par l'équipe de Philippe Walter. Ce spécialiste du Laboratoire du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France s'intéressait à la technique du « sfumato » qu'affectionnait le peintre.
« Le sfumato est cette technique picturale qui donne un aspect vaporeux aux tableaux de Léonard De Vinci, rappelle l'équipe. Elle est le fruit du génie de l'artiste et le résultat des innovations techniques du début XVIe siècle. En jouant sur des superpositions de couches de couleur et de glacis, elle permet ces effets optiques si particuliers qui donnent un effet artistique vaporeux aux portraits. Elle estompe les contours, adoucit les transitions et fond les ombres comme une fumée », précise-t-elle dans la revue scientifique Angewandte Chemie International Edition.
« Des observations minutieuses, des mesures optiques et diverses reconstitutions avaient déjà permis de décrire le sfumato, explique David Strivay, directeur du laboratoire européen d'archéométrie, situé à l'Université de Liège. Ce qui est neuf avec les travaux de Philippe Walter, c'est l'étude quantitative des éléments chimiques utilisés par Léonard De Vinci. Cette étude révèle la composition et l'épaisseur de chaque couche de matière déposée par le peintre. »
Trente couches de glacis
« Ses travaux montrent que, dans le cas des glacis, ces fines couches translucides, principalement organiques, et qui contiennent peu de pigment, le peintre a travaillé pendant des années, superposant parfois jusqu'à trente couches épaisses d'un à deux micromètres (un à deux millième de millimètre), précise David Strivay. C'est cette superposition de glacis qui permet de créer profondeur et volume. »
Un autre aspect remarquable de cette étude est la vitesse à laquelle ces examens ont été réalisés, semble-t-il.
Certains tableaux ne sont pas accessibles toute l'année. Au Louvre, La Joconde ne sort que rarement de son écrin. Avant de la passer aux rayons X, il y a donc eu un long et méticuleux travail de préparation en amont réalisé par l'équipe.
« Ici aussi la technique utilisée est intéressante. Il s'agit de la fluorescence X, précise le spécialiste belge, qui y a déjà eu recours dans le cadre d'une étude de fresques égyptiennes de la nécropole de Louxor. Il s'agit d'une technique active. Contrairement à une radiographie classique et passive, qui transperce l'œuvre et vient impressionner un détecteur sensible placé derrière elle, la fluorescence X émet des rayons qui sont partiellement réfléchis en fonction de la matière rencontrée. C'est grâce à cela que l'équipe du Louvre a pu déterminer la composition exacte de chaque couche et d'ainsi en dériver leur temps de séchage et ainsi, l'histoire de chaque œuvre. »
Les résultats de l'équipe française ouvrent désormais une nouvelle perspective. Celle de proposer une nouvelle datation des tableaux de Léonard De Vinci. Après être passée au X, la Joconde risque bien de prendre quelques rides.