La Casbah, un lieu, un lien
La Casbah d’Alger, un lieu hautement historique et séculaire dont les interstices et les venelles sont une mémoire à souligner et à préserver.
Belle par ses couleurs, expressive par ses sourires et messagère pour la jeunesse, telle est l’image d’une des principales ruelles de La Casbah, adjacente à la rue principale Sidi Dris Hamadouche (ex-rue de La Casbah) un après-midi d’un samedi 3 juillet dernier, veille de la fête de l’indépendance. Inhabituelle animation, d’abord par le nombre de visiteurs ; ils étaient plus de 150 personnes enthousiastes à arpenter les marches de la vieille et résistante cité, ensuite particulière par le fait que ce n’étaient pas des touristes, mais des Algériens partis sur les traces de l’œuvre de leurs illustres aînés. C’est ainsi que cette véritable procession de souvenirs a accompli dans une profonde communion de pensée collective un acte de ressourcement de lieux et de liens au sanctuaire de la mémoire qu’est la Casbah d’El Djazaïr.
La ferveur de la rencontre a exceptionnellement été chaleureuse et émouvante par la présence de trois générations successives rassemblées pour une fois dans des lieux mythiques pour effectuer ensemble un pèlerinage dans l’univers de la mémoire, du souvenir et de l’évocation. Hommes, femmes, écoliers, lycéens, d’anciens résistants de la Zone autonome d’Alger historique, la célèbre interprète de la chanson andalouse, Zakia Kara Terki, et aussi des enseignants de la communauté universitaire, à l’image de Mme Hamadi, professeur au département psychologie de l’université de Bouzaréah ont constitué la liesse symbolique du renouement et du raffermissement des liens avec des lieux de la cité millénaire.
Du mausolée de Sidi Abderrahmane, à la célèbre médersa d’Alger en passant par la rue Sidi Dris Hamadouche (ex- rue de La Casbah) jusqu’à Bir Djebbah, tous ces lieux de culture et d’histoire ont été revisités dans une grande émotion au souvenir des générations successives qui ont œuvré pour l’immortalité de La Casbah à travers la symbolique de ses épopées de savoir, d’érudition, de résistance et de gloire. Au passage de cette « procession de la mémoire et du souvenir » accueillie très chaleureusement par la population, tous les lieux et repères d’histoire ont été fleuris pour la pérennisation de la pensée et l’éradication du phénomène hideux de l’oubli.
C’est à une halte de l’évocatrice douéra de la famille Soufi native de la célèbre rue Boudries (ex-rue de Thèbes) vestige du martyrologue de la bombe criminelle colonialiste, que toute l’assistance a eu le bonheur de redécouvrir les traditions d’hospitalité dans l’authenticité culturelle du raffinement algérois aux hôtes que nous étions en la circonstance. Il est également utile de rappeler que c’est Hadj Zoubir, un enfant natif de La Casbah il y a 72 années de cela, et dont il est un connaisseur averti, qui a magistralement conduit la visite, à la satisfaction de l’ensemble des participants, ravis par les explications et précisions qui ont été apportées à leurs multiples questionnements sur des points d’histoire, de culture et de mémoire.
Durant cette traversée de la mémoire, ce qui a révélé un triste constat, ce n’est point l’état physique des lieux, celui-ci étant bien connu de tous, mais celui de la dimension humaine dans le rapport socioculturel des liens avec des lieux à l’épreuve du temps et de l’histoire. C’est à l’évocation émouvante des noms de rues parcourues que Hadj Zoubir a retracé brièvement la vie inachevée (car morts très jeunes) et l’histoire de ces martyrs du devoir dont le souvenir est perturbé dans l’espace par des représentations mentales à travers des supports appropriés ou plaques toponymiques.
Levi Straus, un géant de l’anthropologie de notoriété universelle disait à ce propos : « L’espace est une société de lieux comme les personnes sont des points de repère au sein du groupe. » Malheureusement, la réalité est tout autre, car les plaques toponymiques de nos rues ne correspondent à aucun référent mémoriel dans la société. Un demi-siècle est la durée ultime pour la réappropriation de la mémoire de nos rues, boulevards et édifices par une pratique langagière d’appellation-nomination, usitée quotidiennement dans l’espace et dans le temps. Dans le contexte de cette symbolique de juillet et à dessein de la sauvegarde de ce qui est la sève vivificatrice la plus précieuse et déterminante par le devenir d’une nation, sa mémoire collective, œuvrons ainsi et tous ensemble pour le renouement et la création d’un véritable pôle culturel dans sa matrice originelle qu’est la Médina d’Alger, à l’instar des Casbah du Maghreb, Rabat et Tunis, ses segments tant par la superficie de la configuration des sites que par la dimension historique. Nous reviendrons prochainement sur ce chapitre à travers le développement de l’action initiée le 8 avril dernier par l’association sous le thème « Toponymie et mémoire ».
Par L. Aït Aoudia
La Casbah d’Alger, un lieu hautement historique et séculaire dont les interstices et les venelles sont une mémoire à souligner et à préserver.
Belle par ses couleurs, expressive par ses sourires et messagère pour la jeunesse, telle est l’image d’une des principales ruelles de La Casbah, adjacente à la rue principale Sidi Dris Hamadouche (ex-rue de La Casbah) un après-midi d’un samedi 3 juillet dernier, veille de la fête de l’indépendance. Inhabituelle animation, d’abord par le nombre de visiteurs ; ils étaient plus de 150 personnes enthousiastes à arpenter les marches de la vieille et résistante cité, ensuite particulière par le fait que ce n’étaient pas des touristes, mais des Algériens partis sur les traces de l’œuvre de leurs illustres aînés. C’est ainsi que cette véritable procession de souvenirs a accompli dans une profonde communion de pensée collective un acte de ressourcement de lieux et de liens au sanctuaire de la mémoire qu’est la Casbah d’El Djazaïr.
La ferveur de la rencontre a exceptionnellement été chaleureuse et émouvante par la présence de trois générations successives rassemblées pour une fois dans des lieux mythiques pour effectuer ensemble un pèlerinage dans l’univers de la mémoire, du souvenir et de l’évocation. Hommes, femmes, écoliers, lycéens, d’anciens résistants de la Zone autonome d’Alger historique, la célèbre interprète de la chanson andalouse, Zakia Kara Terki, et aussi des enseignants de la communauté universitaire, à l’image de Mme Hamadi, professeur au département psychologie de l’université de Bouzaréah ont constitué la liesse symbolique du renouement et du raffermissement des liens avec des lieux de la cité millénaire.
Du mausolée de Sidi Abderrahmane, à la célèbre médersa d’Alger en passant par la rue Sidi Dris Hamadouche (ex- rue de La Casbah) jusqu’à Bir Djebbah, tous ces lieux de culture et d’histoire ont été revisités dans une grande émotion au souvenir des générations successives qui ont œuvré pour l’immortalité de La Casbah à travers la symbolique de ses épopées de savoir, d’érudition, de résistance et de gloire. Au passage de cette « procession de la mémoire et du souvenir » accueillie très chaleureusement par la population, tous les lieux et repères d’histoire ont été fleuris pour la pérennisation de la pensée et l’éradication du phénomène hideux de l’oubli.
C’est à une halte de l’évocatrice douéra de la famille Soufi native de la célèbre rue Boudries (ex-rue de Thèbes) vestige du martyrologue de la bombe criminelle colonialiste, que toute l’assistance a eu le bonheur de redécouvrir les traditions d’hospitalité dans l’authenticité culturelle du raffinement algérois aux hôtes que nous étions en la circonstance. Il est également utile de rappeler que c’est Hadj Zoubir, un enfant natif de La Casbah il y a 72 années de cela, et dont il est un connaisseur averti, qui a magistralement conduit la visite, à la satisfaction de l’ensemble des participants, ravis par les explications et précisions qui ont été apportées à leurs multiples questionnements sur des points d’histoire, de culture et de mémoire.
Durant cette traversée de la mémoire, ce qui a révélé un triste constat, ce n’est point l’état physique des lieux, celui-ci étant bien connu de tous, mais celui de la dimension humaine dans le rapport socioculturel des liens avec des lieux à l’épreuve du temps et de l’histoire. C’est à l’évocation émouvante des noms de rues parcourues que Hadj Zoubir a retracé brièvement la vie inachevée (car morts très jeunes) et l’histoire de ces martyrs du devoir dont le souvenir est perturbé dans l’espace par des représentations mentales à travers des supports appropriés ou plaques toponymiques.
Levi Straus, un géant de l’anthropologie de notoriété universelle disait à ce propos : « L’espace est une société de lieux comme les personnes sont des points de repère au sein du groupe. » Malheureusement, la réalité est tout autre, car les plaques toponymiques de nos rues ne correspondent à aucun référent mémoriel dans la société. Un demi-siècle est la durée ultime pour la réappropriation de la mémoire de nos rues, boulevards et édifices par une pratique langagière d’appellation-nomination, usitée quotidiennement dans l’espace et dans le temps. Dans le contexte de cette symbolique de juillet et à dessein de la sauvegarde de ce qui est la sève vivificatrice la plus précieuse et déterminante par le devenir d’une nation, sa mémoire collective, œuvrons ainsi et tous ensemble pour le renouement et la création d’un véritable pôle culturel dans sa matrice originelle qu’est la Médina d’Alger, à l’instar des Casbah du Maghreb, Rabat et Tunis, ses segments tant par la superficie de la configuration des sites que par la dimension historique. Nous reviendrons prochainement sur ce chapitre à travers le développement de l’action initiée le 8 avril dernier par l’association sous le thème « Toponymie et mémoire ».
Par L. Aït Aoudia