Tournoi féminin de basket à paris
Une interdiction,des polémiques
Signe de la sensibilité du sujet, le secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, a décidé de se rendre sur place, jeudi dernier, pour soutenir « la décision » du maire UMP (droite au pouvoir) de Vigneux, au sud de Paris, qui a décidé mercredi d’annuler le tournoi après l’avoir autorisé.
« Que ce soit un tournoi de sport féminin me ravit (...), mais qu’on exclut une catégorie, c’est-à-dire les hommes (...) dans un lieu public, ça c’est contraire aux lois de la République », a déclaré M. Laporte. Il a toutefois ajouté n’avoir « pas l’impression » que la laïcité était attaquée dans le sport. Un tract de l’Association culturelle des musulmans de Vigneux (ACVM), qui entendait organiser un tournoi de basket inter-mosquées le 29 juin prochain dans un gymnase municipal, précisait qu’il était « réservé aux femmes exclusivement ».
Son président Ezdine Ould Mohamed a regretté cette phrase ajoutée, selon lui, au dernier moment, affirmant « respecter les lois de la République ». Le maire, Serge Poinsot, a expliqué n’avoir été informé de cette restriction, pour lui « discriminatoire », et donc interdite par la loi française, que le 11 juin. L’opposition municipale de gauche a, en revanche, accusé le maire de n’être revenu sur sa décision qu’après un article du journal Le Parisien révélant l’affaire.
Le journal a consacré sa Une, jeudi dernier, au « gymnase interdit aux hommes » à l’occasion d’un « tournoi féminin de basket inter-mosquées ». Le quotidien évoque la relance de la « polémique sur la montée du communautarisme, d’autant que la chronique des derniers mois est émaillée d’affaires qui apparaissent comme autant de coups de canif au modèle d’intégration à la française ». Il cite, notamment, la polémique née du mariage musulman annulé par un tribunal en raison du mensonge de la mariée sur sa virginité, les créneaux horaires réservés aux femmes dans certaines piscines publiques à la demande d’associations musulmanes, ou encore des « fondamentalistes qui refusent que leur femme soit auscultée par un homme ».
Une polémique a notamment éclaté en Isère (centre-est) où la mairie de La Verpillière a décidé de réserver la piscine municipale aux femmes à certaines heures, avec du personnel exclusivement féminin. Cette séparation est appliquée dans certaines piscines, comme à Strasbourg où les Bains municipaux accueillent hommes et femmes selon des plages horaires distinctes.
Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour le droit des femmes, « craint » une montée de tous les communautarismes et de tous les intégrismes « parce qu’en plus, on a un président de la République (ndlr : Nicolas Sarkozy) qui caresse bien dans le sens de ce poil-là ». L’écrivain Marek Halter défend pour sa part l’existence de communautés. « Je ne pense pas que les communautés représentent un danger pour la République », dit-il. « Je trouve au contraire que c’est un enrichissement », ajoute-t-il.t
