Avant-première. Les Algériens sont des mécaniciens, de Fellag
Un « parfum d’insolence »
Un spectacle de Fellag, bien sûr, dans la farce et toujours une forme de sociologie des planches, cela ne se raconte pas. Pourtant, il lève lui-même un coin du voile : « Les Algériens, qui, par la force des choses sont devenus des as de la débrouille, ne réparent pas seulement de vieux tacots en rade, ils inventent aussi des pièces de rechange originales pour réparer la mécanique mentale d’un pays qui a trop souvent tendance à se gripper. »
Et pour faire mieux comprendre encore : « Faute de tai-chi ou autres dérivés du yoga, pour rester zen, les Algériens pratiquent un humour dont on dit qu’il est une soupape (un carburateur, un vilebrequin, un joint de culasse…) au stress d’un quotidien qui bout comme une marmite. Pratiquée comme un sport national, cette autodérision est non seulement salvatrice, mais elle donne aussi une idée de la capacité de mes concitoyens à encaisser et rendre les coups contre un ennemi invisible. Comme Charlot boxe dans le vide. » Voila qui est dit ! Depuis la pièce Les aventures de Tchop jouée au TNA en 1987, l’humoriste n’a donc rien perdu de sa causticité, même si ses chemins l’ont éloigné de l’Algérie, véritable bastion d’observation où il puise son imagination.
L’Algérie reste son moteur. Après ce qu’il définit comme une trilogie : Djurdjurassique bled, Un bateau pour l’Australie, Le dernier chameau, et une poignée de nouvelles publiées chez Lattès, il aurait aimé écrire un spectacle qui se passerait en France, à l’image du rôle qu’il vient d’interpréter dans Il faut sauver Saïd, diffusé sur France 3, le 7 juin dernier. Ce sera pour plus tard, peut-être. « L’Algérie est une géographie mentale à laquelle il m’est difficile d’échapper. Elle est devenue pour moi un espace scénique où sont réunis les ingrédients dramaturgiques de l’universalité », explique simplement Fellag. « Dans mon imagination, la ville d’Alger qui m’a donné tant d’émotions est bâtie comme un vaste théâtre. Il me suffit de fermer les yeux pour y entrer. Une fois que j’y suis, je me transforme en comédien observateur des mœurs et attitudes de mes congénères ou en auteur en quête d’histoires sortant de l’ordinaire. »
Dans ce tout nouveau spectacle que nous découvrirons jeudi 19 juin (puis les 21, 22 et 23 juin à 22 h), Fellag annonce qu’il sera beaucoup moins « cruel », moins violent, plus léger, plus apaisé… mais il exhalera toujours « un parfum d’insolence dont je ne peux me défaire. Je m’amuserai gravement sur les accidents provoqués par le choc entre les archaïsmes et la modernité. Le décryptage des tics et des tocs de mes concitoyens sera plus fouillé. Je me donnerai aussi bien sûr l’occasion d’épingler la société française et la façon dont nous sommes perçus par nos hôtes les ‘‘Gaulois’’ ». Voila qui promet.
* Le festival Les Nuits de Fourvière annonce aussi une magnifique Nuit de l’Algérie le 6 juillet avec la troupe au complet d’El Gusto. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Par [url=mailto://]Walid Mebarek[/url]
Un « parfum d’insolence »
Un spectacle de Fellag, bien sûr, dans la farce et toujours une forme de sociologie des planches, cela ne se raconte pas. Pourtant, il lève lui-même un coin du voile : « Les Algériens, qui, par la force des choses sont devenus des as de la débrouille, ne réparent pas seulement de vieux tacots en rade, ils inventent aussi des pièces de rechange originales pour réparer la mécanique mentale d’un pays qui a trop souvent tendance à se gripper. »
Et pour faire mieux comprendre encore : « Faute de tai-chi ou autres dérivés du yoga, pour rester zen, les Algériens pratiquent un humour dont on dit qu’il est une soupape (un carburateur, un vilebrequin, un joint de culasse…) au stress d’un quotidien qui bout comme une marmite. Pratiquée comme un sport national, cette autodérision est non seulement salvatrice, mais elle donne aussi une idée de la capacité de mes concitoyens à encaisser et rendre les coups contre un ennemi invisible. Comme Charlot boxe dans le vide. » Voila qui est dit ! Depuis la pièce Les aventures de Tchop jouée au TNA en 1987, l’humoriste n’a donc rien perdu de sa causticité, même si ses chemins l’ont éloigné de l’Algérie, véritable bastion d’observation où il puise son imagination.
L’Algérie reste son moteur. Après ce qu’il définit comme une trilogie : Djurdjurassique bled, Un bateau pour l’Australie, Le dernier chameau, et une poignée de nouvelles publiées chez Lattès, il aurait aimé écrire un spectacle qui se passerait en France, à l’image du rôle qu’il vient d’interpréter dans Il faut sauver Saïd, diffusé sur France 3, le 7 juin dernier. Ce sera pour plus tard, peut-être. « L’Algérie est une géographie mentale à laquelle il m’est difficile d’échapper. Elle est devenue pour moi un espace scénique où sont réunis les ingrédients dramaturgiques de l’universalité », explique simplement Fellag. « Dans mon imagination, la ville d’Alger qui m’a donné tant d’émotions est bâtie comme un vaste théâtre. Il me suffit de fermer les yeux pour y entrer. Une fois que j’y suis, je me transforme en comédien observateur des mœurs et attitudes de mes congénères ou en auteur en quête d’histoires sortant de l’ordinaire. »
Dans ce tout nouveau spectacle que nous découvrirons jeudi 19 juin (puis les 21, 22 et 23 juin à 22 h), Fellag annonce qu’il sera beaucoup moins « cruel », moins violent, plus léger, plus apaisé… mais il exhalera toujours « un parfum d’insolence dont je ne peux me défaire. Je m’amuserai gravement sur les accidents provoqués par le choc entre les archaïsmes et la modernité. Le décryptage des tics et des tocs de mes concitoyens sera plus fouillé. Je me donnerai aussi bien sûr l’occasion d’épingler la société française et la façon dont nous sommes perçus par nos hôtes les ‘‘Gaulois’’ ». Voila qui promet.
* Le festival Les Nuits de Fourvière annonce aussi une magnifique Nuit de l’Algérie le 6 juillet avec la troupe au complet d’El Gusto. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Par [url=mailto://]Walid Mebarek[/url]