L’équipe nationale algérienne de football vient de subir une défaite humiliante face à son homologue marocaine. Faut-il s’en étonner ?
Pas du tout, ce n’est qu’une autre démonstration douloureuse de la défaillance de l’Etat dans son ensemble ! Si nous réalisons un concours de niveau d’éducation pour des élèves de nos écoles avec ceux d’autres pays à niveau de développement comparable, notre pays sera classé parmi les derniers. Pourtant, nous avons chaque année un nombre impressionnant de bacheliers avec mention très bien et bien ! De même, si nous faisons un diagnostic comparé avec ces pays sur la qualité des soins fournis aux personnes les plus démunies, nous serons mal classés. De fait, nous sommes classés dans le peloton de queue sur l’ensemble des indicateurs internationaux : climat des affaires, indice de développement humain, programme de lutte contre la corruption, gouvernance, e-gouvernement, etc. L’Algérie était en crise au moment de l’étranglement financier en 1993, elle est en crise en 2011 avec l’abondance de ressources financières. Ce n’est donc, ni un problème de disponibilité de ressources ni d’absence de compétences.
Si une voiture fait un accident à un endroit donné, on peut penser que c’est une défaillance du conducteur ou des équipements. Mais si plusieurs voitures font un accident au même endroit, il faut penser à l’état de la route ! Les conditions de vie actuelles sont difficiles, celles des générations futures sont hypothéquées par la transformation d’une réserve non renouvelable (les hydrocarbures) en des réserves volatiles (les devises déposées dans les banques à l’étranger). Le peuple algérien et surtout la jeunesse ont besoin de récupérer leur souveraineté pour leur permettre de choisir librement celles et ceux qui sont capables de trouver et mettre en œuvre les solutions à leurs problèmes : coût de la vie, chômage, logement, mariage, perspectives d’avenir, santé, éducation, retraite, protection sociale, etc. La population dans son ensemble et la jeunesse tout particulièrement sont absentes des préoccupations du sommet. Au lieu de répondre aux préoccupations des jeunes, on essaie de les coopter par la rente et la prédation pour en faire des courtisans. Un tel environnement ouvre la voie à la corruption et à la fragilisation des institutions. D’où le chemin vers la défaillance de l’Etat et le gap profond entre gouvernants et gouvernés.
Le peuple et la jeunesse manquent de considération, ils ont été trop longtemps mis à l’écart… Aujourd’hui, ils réclament le changement. Il faut bien considérer que sans changement, l’Algérie se dirige vers l’explosion sociale, sous l’effet du mélange détonnant de pauvreté, de perte de morale collective et de corruption généralisée. Le changement doit-il venir de la révolte ou de la révolution ? Si le changement vient par la révolte, le peuple et surtout la jeunesse exprimeront leur colère par la destruction. Il faudra alors leur offrir des têtes pour calmer cette colère. Les dignitaires du régime seraient directement menacés.
Les expériences de Tunisie et d’Egypte nous ont démontré que les tenants du pouvoir ne peuvent plus compter sur un séjour royal à l’étranger en quittant le pays en cas de difficulté, et bénéficier des avoirs amassés illégalement et déposés à l’extérieur. Cela concerne, aussi, leurs familles et leurs proches collaborateurs. Ils ne peuvent pas non plus bénéficier de la bienveillance des puissances étrangères. Tout ceci mis ensemble, signifie que les tenants du pouvoir sont sous des pressions multiples, de la société, de leurs familles, de leurs collaborateurs proches et des puissances internationales.
La déclaration du dernier G8 sur le «printemps arabe» est, on ne peut plus claire. En voici, quelques citations : «Les changements en cours dans le Moyen- Orient et l’Afrique du Nord sont historiques et ont un potentiel pour ouvrir la voie au genre de transformation qui a eu lieu en Europe centrale et de l’Est après la chute du mur de Berlin… Nous, membres du G8, supportons fortement les aspirations du ‘‘printemps arabe’’... Nous écoutons la voie des citoyens, supportons leur détermination pour l’égalité et soutenons leur appel légitime à des sociétés ouvertes et une modernisation économique pour tous… Nous lançons aujourd’hui le ‘‘partenariat de Deauville’’ avec les peuples de la région… Le partenariat est basé sur deux piliers : un processus politique pour supporter la transition démocratique et encourager les réformes de gouvernance, notamment la lutte contre la corruption et le renforcement des institutions nécessaires pour assurer la transparence et l’imputabilité du gouvernement. De même qu’un cadre économique pour une croissance soutenue et au bénéfice de tous.» Le changement est inéluctable et proche, compte tenu des expériences vécues ces derniers temps dans la région.
Le choix est clair, il se situe entre (i) la perpétuation de la situation actuelle de non gouvernance, d’annonce de réformes cosmétiques et observer la marche fatale vers la violence sociale et le dérapage incontrôlable, (ii) la prise de conscience au niveau des premiers responsables et toutes les forces saines de ce pays, du fait que la nation est en danger et alors travailler ensemble, à la préparation, la conception et la mise en œuvre du changement et non se contenter de réformes cosmétiques. J’appelle tous ceux qui ont à cœur de sauver notre nation à travailler à la mobilisation pacifique de toutes les volontés créatrices de ce pays, sans exclusion et sans jugement de valeur a priori, pour l’élaboration et l’exécution de ce changement pour sortir de la crise et éviter le chaos et l’éclatement du pays. Au-delà de tout a priori sectaire ou politique, il convient de noter qu’aujourd’hui, la société algérienne n’a plus besoin d’arguments supplémentaires pour être convaincue par des démonstrations plus ou moins élaborées sur les faiblesses de gestion de notre pays.
La période des analyses, des bilans, voire des propositions de gestion de la crise est largement dépassée. En fait, la paupérisation s’est déjà largement installée dans le pays prétendument riche de ses ressources et fort du dynamisme de sa population. Ce type d’analyse ne sert plus à grand-chose.
L’urgence est à la mobilisation pacifique pour le changement de tout le système de gouvernance, avec un programme prioritaire de refondation de l’Etat, refondation de l’économie et refondation de l’école. L’annonce de consultations pour des réformes politiques est à mettre en relation avec la parabole suivante : «Une horloge en panne indique l’heure exacte deux fois par jour».
Dr Ahmed Benbitour
Pas du tout, ce n’est qu’une autre démonstration douloureuse de la défaillance de l’Etat dans son ensemble ! Si nous réalisons un concours de niveau d’éducation pour des élèves de nos écoles avec ceux d’autres pays à niveau de développement comparable, notre pays sera classé parmi les derniers. Pourtant, nous avons chaque année un nombre impressionnant de bacheliers avec mention très bien et bien ! De même, si nous faisons un diagnostic comparé avec ces pays sur la qualité des soins fournis aux personnes les plus démunies, nous serons mal classés. De fait, nous sommes classés dans le peloton de queue sur l’ensemble des indicateurs internationaux : climat des affaires, indice de développement humain, programme de lutte contre la corruption, gouvernance, e-gouvernement, etc. L’Algérie était en crise au moment de l’étranglement financier en 1993, elle est en crise en 2011 avec l’abondance de ressources financières. Ce n’est donc, ni un problème de disponibilité de ressources ni d’absence de compétences.
Si une voiture fait un accident à un endroit donné, on peut penser que c’est une défaillance du conducteur ou des équipements. Mais si plusieurs voitures font un accident au même endroit, il faut penser à l’état de la route ! Les conditions de vie actuelles sont difficiles, celles des générations futures sont hypothéquées par la transformation d’une réserve non renouvelable (les hydrocarbures) en des réserves volatiles (les devises déposées dans les banques à l’étranger). Le peuple algérien et surtout la jeunesse ont besoin de récupérer leur souveraineté pour leur permettre de choisir librement celles et ceux qui sont capables de trouver et mettre en œuvre les solutions à leurs problèmes : coût de la vie, chômage, logement, mariage, perspectives d’avenir, santé, éducation, retraite, protection sociale, etc. La population dans son ensemble et la jeunesse tout particulièrement sont absentes des préoccupations du sommet. Au lieu de répondre aux préoccupations des jeunes, on essaie de les coopter par la rente et la prédation pour en faire des courtisans. Un tel environnement ouvre la voie à la corruption et à la fragilisation des institutions. D’où le chemin vers la défaillance de l’Etat et le gap profond entre gouvernants et gouvernés.
Le peuple et la jeunesse manquent de considération, ils ont été trop longtemps mis à l’écart… Aujourd’hui, ils réclament le changement. Il faut bien considérer que sans changement, l’Algérie se dirige vers l’explosion sociale, sous l’effet du mélange détonnant de pauvreté, de perte de morale collective et de corruption généralisée. Le changement doit-il venir de la révolte ou de la révolution ? Si le changement vient par la révolte, le peuple et surtout la jeunesse exprimeront leur colère par la destruction. Il faudra alors leur offrir des têtes pour calmer cette colère. Les dignitaires du régime seraient directement menacés.
Les expériences de Tunisie et d’Egypte nous ont démontré que les tenants du pouvoir ne peuvent plus compter sur un séjour royal à l’étranger en quittant le pays en cas de difficulté, et bénéficier des avoirs amassés illégalement et déposés à l’extérieur. Cela concerne, aussi, leurs familles et leurs proches collaborateurs. Ils ne peuvent pas non plus bénéficier de la bienveillance des puissances étrangères. Tout ceci mis ensemble, signifie que les tenants du pouvoir sont sous des pressions multiples, de la société, de leurs familles, de leurs collaborateurs proches et des puissances internationales.
La déclaration du dernier G8 sur le «printemps arabe» est, on ne peut plus claire. En voici, quelques citations : «Les changements en cours dans le Moyen- Orient et l’Afrique du Nord sont historiques et ont un potentiel pour ouvrir la voie au genre de transformation qui a eu lieu en Europe centrale et de l’Est après la chute du mur de Berlin… Nous, membres du G8, supportons fortement les aspirations du ‘‘printemps arabe’’... Nous écoutons la voie des citoyens, supportons leur détermination pour l’égalité et soutenons leur appel légitime à des sociétés ouvertes et une modernisation économique pour tous… Nous lançons aujourd’hui le ‘‘partenariat de Deauville’’ avec les peuples de la région… Le partenariat est basé sur deux piliers : un processus politique pour supporter la transition démocratique et encourager les réformes de gouvernance, notamment la lutte contre la corruption et le renforcement des institutions nécessaires pour assurer la transparence et l’imputabilité du gouvernement. De même qu’un cadre économique pour une croissance soutenue et au bénéfice de tous.» Le changement est inéluctable et proche, compte tenu des expériences vécues ces derniers temps dans la région.
Le choix est clair, il se situe entre (i) la perpétuation de la situation actuelle de non gouvernance, d’annonce de réformes cosmétiques et observer la marche fatale vers la violence sociale et le dérapage incontrôlable, (ii) la prise de conscience au niveau des premiers responsables et toutes les forces saines de ce pays, du fait que la nation est en danger et alors travailler ensemble, à la préparation, la conception et la mise en œuvre du changement et non se contenter de réformes cosmétiques. J’appelle tous ceux qui ont à cœur de sauver notre nation à travailler à la mobilisation pacifique de toutes les volontés créatrices de ce pays, sans exclusion et sans jugement de valeur a priori, pour l’élaboration et l’exécution de ce changement pour sortir de la crise et éviter le chaos et l’éclatement du pays. Au-delà de tout a priori sectaire ou politique, il convient de noter qu’aujourd’hui, la société algérienne n’a plus besoin d’arguments supplémentaires pour être convaincue par des démonstrations plus ou moins élaborées sur les faiblesses de gestion de notre pays.
La période des analyses, des bilans, voire des propositions de gestion de la crise est largement dépassée. En fait, la paupérisation s’est déjà largement installée dans le pays prétendument riche de ses ressources et fort du dynamisme de sa population. Ce type d’analyse ne sert plus à grand-chose.
L’urgence est à la mobilisation pacifique pour le changement de tout le système de gouvernance, avec un programme prioritaire de refondation de l’Etat, refondation de l’économie et refondation de l’école. L’annonce de consultations pour des réformes politiques est à mettre en relation avec la parabole suivante : «Une horloge en panne indique l’heure exacte deux fois par jour».
Dr Ahmed Benbitour