Andy Garcia joue en famille
Entretien Andy Garcia a présenté à Gand « City Island », une savoureuse comédie douce-amère sur la famille. Il y joue avec sa fille Dominik, qui est sa fille aussi dans le film. Conversation décontractée en bord de Lys.
Quelques jours à peine après Kevin Costner, avec qui il partageait l'affiche des Incorruptibles, de Brian De Palma, Andy Garcia était ce week-end à Gand, pour y recevoir un hommage pour l'ensemble de sa carrière. Et pour accompagner City Island (sortie début 2010), le savoureux film de Raymond De Felitta dans lequel il joue un gardien de prison et père de famille enferré dans les petits mensonges et grands secrets de la vie quotidienne. Une bonne surprise, entre drame et comédie.
City Island observe que l'on vit tous avec nos secrets et nos masques. Certains sont cocasses (un homme et une femme mariés se cachent l'un de l'autre pour fumer en cachette ; aucun des deux n'est au courant). D'autres beaucoup plus graves (l'homme cache durant plus de vingt ans à sa femme l'existence d'un fils caché). Et puis, il y a un secret qui résonne comme un clin d'œil : Garcia ment à sa femme (qui croit qu'il le trompe) et s'éclipse le soir en prétendant aller jouer au poker… alors que c'est pour apprendre l'art dramatique, et bientôt faire du cinéma, à l'image de son modèle, Marlon Brando. Brando, tout un symbole, puisque c'est lui qui a immortalisé Le Parrain de Coppola, et que c'est Andy Garcia qui a explosé dans le troisième volet de la mémorable saga.
Rencontre en bord de Lys, en plein cœur historique de Gand, avec un homme de très belle humeur, lunettes fumées, cigare cubain (comme ses origines) au bec, béret vissé sur la tête.
Vous présentez à Gand un film centré sur la famille. Vous êtes un homme de famille ?
Sûrement. Je suis le père de quatre enfants (NDLR : dont une fille, Dominik, qui joue dans City Island… le rôle de sa fille), marié depuis plus de 25 ans à la même femme. Si je suis venu à ce film, c'est surtout parce que le scénario était drôlement bien. Si j'avais reçu un scénario de la même qualité sur Jack l'éventreur, peut-être que j'aurais suivi la piste de Jack l'éventreur.
Votre fille joue une stripteaseuse dans « City Island ». C'est exact qu'elle a refusé votre présence sur le plateau le jour de sa scène de strip ?
Bon sang, mais j'aurais même dû ce jour-là quitter l'Etat de New York !
Jouer avec sa fille un film de famille sur les secrets et mensonges est une expérience bizarre ?
Nous avons tous nos secrets et mensonges. Cela fait partie de la nature humaine. Même si ce ne sont pas forcément de grands ou effrayants secrets. Sincèrement, je préfère ignorer quels sont ceux de ma fille.
Votre fille voulait devenir actrice. C'était un secret pour vous ?
Non. Elle voulait ça depuis ses 5 ans. Maintenant, c'est sa vie.
« City Island » a le charme du film indépendant. Vous y êtes sensible ?
Oh oui ! Un film indépendant, c'est un film qui regarde les gens. C'est stimulant, attachant, drôle. C'est une exploration du comportement humain, que ne rendra jamais n'importe quel blockbuster. Ça ne peut qu'attirer un acteur.
George Clooney considère que des films comme la trilogie commerciale des Ocean's, dans laquelle vous étiez, l'aident à financer des films plus indépendants. D'accord avec lui ?
Cent pour cent d'accord avec George. Même si nous n'avons pas le même style de vie. Vous avez bien regardé, mon pote ? Est-ce que vous pensez que j'ai la tête du gars qui se promène en hélicoptère au-dessus du lac de Côme au bras de différentes femmes ? J'adore George. C'est un type classieux et un très bon ami.
On vous voit dans le film vous prêter à l'examen des auditions et castings. Ça vous a ramené à vos débuts ?
Oui, et à des souvenirs parfois peu glorieux. J'ai commis des erreurs épouvantables, à l'époque. Ça peut être très déstabilisant. Au début, c'est douloureux de passer à côté d'une audition. Même si le pire, c'est de ne pas en avoir du tout. Puis, vous apprenez. Et le fait est celui-ci : quand vous entrez dans une pièce pour une audition, vous devez vous en faire le propriétaire. La place doit vous appartenir. C'est votre temps à vous. Pas à eux. Il faut que lorsque vous quitterez la pièce, ils se souviennent de vous. Et que s'ils ne vous prennent pas, malgré tout ils sachent qui vous êtes, et envisagent de vous recommander ailleurs. C'est comme ça qu'une carrière se construit : sur l'impression que vous ferez et dont les gens se souviendront.
Pas facile, au début, de savoir qui l'on est. Votre personnage, dans « City Island », doit d'abord apprendre à tuer ses modèles, comme Brando.
Pas facile de trouver son identité, non. Ni de tuer les influences envahissantes. Un peintre doit cesser de peindre comme Picasso. Un acteur aussi. La question de l'acteur, c'est : qu'est-ce que tu as à nous dire, toi ? Il faut à tout prix trouver sa propre voix. Ce qui ne doit pas empêcher de vous sentir inspiré par d'autres performances. Mais il faut, là aussi, vous approprier le territoire. Puis, après, c'est une autre histoire. Il faut apprendre à tuer les stéréotypes auxquels on tentera de vous associer quand vous commencerez. Moi, à mes débuts, c'était les rôles hispaniques. Puis ceux de gangster.
C'est le rôle des « Incorruptibles » qui a tout changé ?
Je le crois. Le changement a été immédiat. Aux yeux des distributeurs, quelque chose avait changé. Je devenais du jour au lendemain dans le vent, les propositions pleuvaient et c'était parti. Qui plus est, Les Incorruptibles m'a permis de travailler avec Sean Connery, que j'admirais depuis mon enfance.
On vous aurait bien vu dans le cinéma des années 50 et 60.
Les années soixante, mais surtout les seventies, qui sont peut-être les années les plus fertiles dans l'histoire du cinéma américain. Scorsese, Coppola, Lucas… On en est loin aujourd'hui.
Pourquoi ?
On est à l'ère du business. On lance des films dans 3.000 salles le vendredi soir, avec pour public cible les 11 à 15 ans.
Entretien Andy Garcia a présenté à Gand « City Island », une savoureuse comédie douce-amère sur la famille. Il y joue avec sa fille Dominik, qui est sa fille aussi dans le film. Conversation décontractée en bord de Lys.
Quelques jours à peine après Kevin Costner, avec qui il partageait l'affiche des Incorruptibles, de Brian De Palma, Andy Garcia était ce week-end à Gand, pour y recevoir un hommage pour l'ensemble de sa carrière. Et pour accompagner City Island (sortie début 2010), le savoureux film de Raymond De Felitta dans lequel il joue un gardien de prison et père de famille enferré dans les petits mensonges et grands secrets de la vie quotidienne. Une bonne surprise, entre drame et comédie.
City Island observe que l'on vit tous avec nos secrets et nos masques. Certains sont cocasses (un homme et une femme mariés se cachent l'un de l'autre pour fumer en cachette ; aucun des deux n'est au courant). D'autres beaucoup plus graves (l'homme cache durant plus de vingt ans à sa femme l'existence d'un fils caché). Et puis, il y a un secret qui résonne comme un clin d'œil : Garcia ment à sa femme (qui croit qu'il le trompe) et s'éclipse le soir en prétendant aller jouer au poker… alors que c'est pour apprendre l'art dramatique, et bientôt faire du cinéma, à l'image de son modèle, Marlon Brando. Brando, tout un symbole, puisque c'est lui qui a immortalisé Le Parrain de Coppola, et que c'est Andy Garcia qui a explosé dans le troisième volet de la mémorable saga.
Rencontre en bord de Lys, en plein cœur historique de Gand, avec un homme de très belle humeur, lunettes fumées, cigare cubain (comme ses origines) au bec, béret vissé sur la tête.
Vous présentez à Gand un film centré sur la famille. Vous êtes un homme de famille ?
Sûrement. Je suis le père de quatre enfants (NDLR : dont une fille, Dominik, qui joue dans City Island… le rôle de sa fille), marié depuis plus de 25 ans à la même femme. Si je suis venu à ce film, c'est surtout parce que le scénario était drôlement bien. Si j'avais reçu un scénario de la même qualité sur Jack l'éventreur, peut-être que j'aurais suivi la piste de Jack l'éventreur.
Votre fille joue une stripteaseuse dans « City Island ». C'est exact qu'elle a refusé votre présence sur le plateau le jour de sa scène de strip ?
Bon sang, mais j'aurais même dû ce jour-là quitter l'Etat de New York !
Jouer avec sa fille un film de famille sur les secrets et mensonges est une expérience bizarre ?
Nous avons tous nos secrets et mensonges. Cela fait partie de la nature humaine. Même si ce ne sont pas forcément de grands ou effrayants secrets. Sincèrement, je préfère ignorer quels sont ceux de ma fille.
Votre fille voulait devenir actrice. C'était un secret pour vous ?
Non. Elle voulait ça depuis ses 5 ans. Maintenant, c'est sa vie.
« City Island » a le charme du film indépendant. Vous y êtes sensible ?
Oh oui ! Un film indépendant, c'est un film qui regarde les gens. C'est stimulant, attachant, drôle. C'est une exploration du comportement humain, que ne rendra jamais n'importe quel blockbuster. Ça ne peut qu'attirer un acteur.
George Clooney considère que des films comme la trilogie commerciale des Ocean's, dans laquelle vous étiez, l'aident à financer des films plus indépendants. D'accord avec lui ?
Cent pour cent d'accord avec George. Même si nous n'avons pas le même style de vie. Vous avez bien regardé, mon pote ? Est-ce que vous pensez que j'ai la tête du gars qui se promène en hélicoptère au-dessus du lac de Côme au bras de différentes femmes ? J'adore George. C'est un type classieux et un très bon ami.
On vous voit dans le film vous prêter à l'examen des auditions et castings. Ça vous a ramené à vos débuts ?
Oui, et à des souvenirs parfois peu glorieux. J'ai commis des erreurs épouvantables, à l'époque. Ça peut être très déstabilisant. Au début, c'est douloureux de passer à côté d'une audition. Même si le pire, c'est de ne pas en avoir du tout. Puis, vous apprenez. Et le fait est celui-ci : quand vous entrez dans une pièce pour une audition, vous devez vous en faire le propriétaire. La place doit vous appartenir. C'est votre temps à vous. Pas à eux. Il faut que lorsque vous quitterez la pièce, ils se souviennent de vous. Et que s'ils ne vous prennent pas, malgré tout ils sachent qui vous êtes, et envisagent de vous recommander ailleurs. C'est comme ça qu'une carrière se construit : sur l'impression que vous ferez et dont les gens se souviendront.
Pas facile, au début, de savoir qui l'on est. Votre personnage, dans « City Island », doit d'abord apprendre à tuer ses modèles, comme Brando.
Pas facile de trouver son identité, non. Ni de tuer les influences envahissantes. Un peintre doit cesser de peindre comme Picasso. Un acteur aussi. La question de l'acteur, c'est : qu'est-ce que tu as à nous dire, toi ? Il faut à tout prix trouver sa propre voix. Ce qui ne doit pas empêcher de vous sentir inspiré par d'autres performances. Mais il faut, là aussi, vous approprier le territoire. Puis, après, c'est une autre histoire. Il faut apprendre à tuer les stéréotypes auxquels on tentera de vous associer quand vous commencerez. Moi, à mes débuts, c'était les rôles hispaniques. Puis ceux de gangster.
C'est le rôle des « Incorruptibles » qui a tout changé ?
Je le crois. Le changement a été immédiat. Aux yeux des distributeurs, quelque chose avait changé. Je devenais du jour au lendemain dans le vent, les propositions pleuvaient et c'était parti. Qui plus est, Les Incorruptibles m'a permis de travailler avec Sean Connery, que j'admirais depuis mon enfance.
On vous aurait bien vu dans le cinéma des années 50 et 60.
Les années soixante, mais surtout les seventies, qui sont peut-être les années les plus fertiles dans l'histoire du cinéma américain. Scorsese, Coppola, Lucas… On en est loin aujourd'hui.
Pourquoi ?
On est à l'ère du business. On lance des films dans 3.000 salles le vendredi soir, avec pour public cible les 11 à 15 ans.