Tennis - US Open (H) - Federer aux anges
Roger Federer est revenu longuement sur sa qualification pour la finale, après sa victoire sur Novak Djokovic (6-3, 5-7, 7-5, 6-2), samedi. Il a apprécié son niveau de jeu et espère retrouver en finale Rafael Nadal, mal parti contre Andy Murray avant l'arrivée de la pluie.
«Le Roger Federer déclinant en est à trois finales de Grand Chelem et une demie cette année. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Avez-vous écrit quelques chose de ce genre ? J'espère que non (rires), pour vous. Bien sûr, je suis très heureux d'atteindre une nouvelle finale de Grand Chelem. Ce fut un grand match. Je savais dès le tirage au sort que si nous allions en demi-finales, ce serait un match incroyable car il convoite la deuxième place mondiale. Il a très bien joué sur surfaces rapides depuis un an et demi. Je savais que cela serait très difficile. Je suis bien évidemment ravi du résultat.
Vous avez commencé en servant sur le T. C'est votre zone de prédilection ?
Cela dépend. Il est important de bien varier et de toucher les quatre coins, ce que font les grands serveurs. Il est fondamental de choisir le bon endroit quand il le faut. Mon service m'a évité des soucis à plusieurs reprises aujourd'hui. Il est difficile de faire le break face au vent, pour ne pas dire impossible. Je le savais, et j'ai fait en sorte d'être très concentré contre le vent.
Cela faisait longtemps que vous n'aviez pas servi aussi bien ?
Je crois que je sers très bien depuis le début du tournoi. Bien sûr, Novak est d'un tout autre calibre pour ce qui concerne les retours, je m'attendais à voir revenir plus de balles, surtout vu la facilité avec laquelle il avait retourné les services d'Andy (Roddick). N'ayant pas la puissance d'Andy, je m'attendais à ce qu'il retourne encore plus facilement mes services. Mais j'ai sans douté mieux varié. Je masque mieux mon engagement, ce qui le rend plus compliqué à lire. Et cela l'a empêché de prendre confiance sur sa ligne.
«Je me sens un peu new yorkais»
Depuis quand n'aviez-vous pas joué un set aussi propre que le premier ?
Sans doute Toronto, où j'avais aussi très bien joué, en enchaînant les coups gagnants. Il était très important de rester dans le match, car je savais que des moments plus difficiles viendraient, et c'est exactement ce qui s'est passé dans le deuxième set. Je passais moins de premières balles.
Au troisième set, après avoir été mené 5-4, vous avez pris le service de Novak, et surtout semblé prendre une part de son esprit, avec l'aide du public. Est-ce que ce genre d'ovation a plus de signification pour vous, après les moments difficiles vécus cette saison ?
Oui, je le dis depuis le début. C'est génial d'être autant soutenu. Je ne compte pas là-dessus car je ne suis pas américain mais je me sens un peu new yorkais, maintenant. Je crois que le soutien du public m'aide vraiment depuis le début de la quinzaine. J'ai connu des soucis contre Andreev, encore aujourd'hui, et le public a été de mon côté, ce qui est sympa.
Etant donné les attentes que vous inspirez, maintenant que vous en êtes à votre troisième finale de Grand Chelem, comment analysez-vous votre année ?
Donnez-moi 35 heures et alors on s'assoira autour d'un verre pour parler de tout ça. (rires)
Sur le court, vous avez dit que ce serait sympa de retrouver Rafael Nadal (qui est en difficulté contre Murray). Pensez-vous que votre rivalité est bonne pour le tennis ?
Regardez ce que nous avons fait par le passé à Wimbledon, à Paris, et tous les matches au couteau joués ces dernières années. J'aime toujours jouer contre lui, même si mon bilan est négatif face à lui. J'aimerais aussi affronter Andy (Murray), mais évidemment, il n'a pas été aussi bon que Rafa ces dernières années. Mais il le deviendra, j'en suis sûr, car il a un talent incroyable. Je ne serais pas surpris qu'Andy batte Rafa mais cela aurait plus de poids de jouer encore contre Rafa, ici.
«Je m'efforce de me secouer, pas pour montrer mes émotions mais pour mieux jouer»
Quel fut le moment clé du match ?
Sans doute la façon dont j'ai joué au premier set. J'avais le sentiment qu'il était un peu fatigué. Et je lui ai aussi donné un coup au moral quand je l'ai breaké en fin de troisième manche. Il a pris un coup sur la tête. Un moment, j'ai même cru pouvoir gagner en trois sets.
L'autre jour, vous avez dit que vous montriez davantage vos émotions. A vous voir aujourd'hui, on a l'impression que vous envie de montrer aux gens que vous êtes toujours là. Etes-vous d'accord avec cela ?
Regardez les matches que j'ai joués ici. J'ai battu Stepanek, qui m'avait dominé à Rome lors de notre dernier match. Il était donc important pour moi de m'imposer. Contre Andreev, j'ai joué pour la première cinq sets de suite sur le central. Battre Novak, aujourd'hui, est important. Contre Muller, j'ai joué un tie-break au troisième set, un point de plus ou de moins m'aurait conduit au quatrième set. Dans ces cas, vous êtes très heureux de gagner. Mais c'est vrai que je m'efforce de me secouer, pas pour montrer mes émotions mais pour mieux jouer. J'ai connu des difficultés sur surfaces rapides, c'est vrai, mais j'ai bien joué sur terre battue et sur gazon, donc c'est peut-être aussi pour ça que je montre plus mes émotions.
Vous semblez en excellente forme physique. Avez-vous déjà été aussi en forme avant de disputer la finale de l'US Open ?
Je ne sais pas. Je me sens bien. Aujourd'hui, il y avait de l'humidité, ce qui explique quelques coups ratés. Mais j'aurais pu jouer sans problème un cinquième set. Il est difficile d'enchaîner demi-finale le samedi et finale le dimanche. J'apprécie donc de me sentir bien. Je n'ai pas besoin de soins spécifiques avant la finale.
Avez-vous été gêné par les nombreux avions ayant tourné autour du stade, en raison de nouveaux itinéraires ?
J'ai eu l'impression qu'ils essayaient de faire décoller autant d'avions que possible avant l'arrivée de la pluie. C'est un peu gênant mais pas au point de se dire "Oh mon Dieu, encore un avion !". Le problème, c'est que cela empêche d'entendre le bruit de l'impact, de l'adversaire qui se déplace. C'est comme jouer en écoutant de la musique, ce qui rend le jeu totalement différent. Cela ne m'a pas posé de problèmes, ce n'était pas si gênant.
Est-ce que vous considérez l'US Open comme votre maison ?
Je ne sais pas. J'aime dire que Wimbledon est ma maison, ou en tout cas ma seconde maison. J'y ai connu tellement de victoires. Mais je pourrais égaler mes cinq succès de Wimbledon ici, donc ce sera un grand moment.
Vous avez ralenti dans votre course pour rejoinder Pete Sampras (et ses 14 titres du Grand Chelem). Pensez-vous qu'une victoire, qui serait la 13e, vous remettrait en course pour 2009 ? Et que ressentez-vous à l'idée de gagner le tournoi pour la cinquième fois de suite ?
Pour le moment, je me concentre sur la défense de mon titre. Le record de Pete est bien sûr dans mon esprit, et tout est possible.
Dans le passé, vous avez dit que vous avez l'impression de voler quand vous jouer bien. Aviez-vous eu ce sentiment dans les premier et quatrième sets ?
Oui, j'avais l'impression de contrôler le déroulement des échanges. Je me sentais très relâché, bien coordonné. Il est fondamental de frapper la balle en étant relâché.»