L’Ennemi intime : les âmes perdues de la guerre d’Algérie
Le film de Florent-Emilio Siri sort en France
En salles ce mercredi, L’Ennemi intime de Florent-Emilio Siri peut se vanter de ne pas être la énième fiction sur la guerre d’Algérie. Une thématique que le cinéma français peine à évoquer. Si ce film de guerre reste bien loin des canons du genre, il n’en demeure pas moins qu’il apporte sa contribution à la reconnaissance d’un passé trop souvent tu.
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mercredi 3 octobre 2007, par Falila Gbadamassi
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La guerre d’Algérie demeure un sujet tabou dans la société française. Un tabou qui, ces deux dernières années, a pourtant inspiré trois films. Après Mon colonel et La Trahison, sortis respectivement en novembre et janvier (2006), L’Ennemi intime dissèque à sa manière cette « guerre qui ne dit pas son nom ». L’intrigue se déroule en 1959. Le lieutenant Terrien, incarné par Benoît Magimel, débarque en Algérie pour prendre le commandement d’une section de l’armée française dans les montagnes kabyles. Très vite, le sergent Dougnac, Albert Dupontel à la ville, militaire désabusé, prend sous son aile ce jeune idéaliste dont il perçoit les désillusions à venir.
Aux victimes innocentes
Adapté du documentaire et du livre de Patrick Rotman sur la guerre d’Algérie, le long-métrage de Florent-Emilio Siri puise sa singularité dans son parti pris artistique et son propos inhabituel. Le réalisateur français livre un film de genre. Un film de guerre qui dénonce la torture comme Mon colonel et le dilemme, déjà évoqué par La Trahison, de ces Algériens déchirés entre deux patries : la leur et celle qu’ils ont fini par adopter, la France. Toutefois, contrairement à ses prédécesseurs, L’Ennemi intime s’attache surtout à démontrer le traumatisme que fut cette guerre pour tous les combattants et notamment pour ces deux millions de soldats, souvent jeunes, que l’Etat français a envoyé se battre, pis encore, se fourvoyer pour une cause qu’il semble encore difficile de justifier. Florent-Emilio Siri effeuille les âmes de ses personnages pour explorer les recoins des âmes d’hommes partagés entre leur devoir et leur conscience. Chacun d’eux, volontaire ou forcé, finira par choisir son camp. Saïd (Lounes Tazairt), l’Algérien, restera, à sa manière, fidèle à cette France qu’il a défendue contre les Allemands, Terrien ira jusqu’au bout de sa mission et de toutes les compromissions au nom de cette même France.
Face au très charismatique Benoît Magimel, Albert Dupontel sert à merveille son personnage tourmenté et blasé au point de faire de l’ombre à son partenaire. Au centre de cette distribution où l’on retrouve le comédien et humoriste algérien Fellag dont le père fut un résistant, Benoît Magimel est aussi à l’origine du projet de ce long métrage. Quelque fois bien interprété, L’Ennemi intime s’avère pourtant approximatif dans le style. Loin d’avoir le cachet de ses aînés américains, en dépit de l’escapade hollywodienne de Siri avec Otage (2005) et de cette lumière bleutée qui habille le drame des combattants, ce long-métrage a le mérite de faire revivre ce passé douloureux presque comme une thérapie salvatrice.
Le film de Florent-Emilio Siri sort en France
En salles ce mercredi, L’Ennemi intime de Florent-Emilio Siri peut se vanter de ne pas être la énième fiction sur la guerre d’Algérie. Une thématique que le cinéma français peine à évoquer. Si ce film de guerre reste bien loin des canons du genre, il n’en demeure pas moins qu’il apporte sa contribution à la reconnaissance d’un passé trop souvent tu.
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mercredi 3 octobre 2007, par Falila Gbadamassi
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La guerre d’Algérie demeure un sujet tabou dans la société française. Un tabou qui, ces deux dernières années, a pourtant inspiré trois films. Après Mon colonel et La Trahison, sortis respectivement en novembre et janvier (2006), L’Ennemi intime dissèque à sa manière cette « guerre qui ne dit pas son nom ». L’intrigue se déroule en 1959. Le lieutenant Terrien, incarné par Benoît Magimel, débarque en Algérie pour prendre le commandement d’une section de l’armée française dans les montagnes kabyles. Très vite, le sergent Dougnac, Albert Dupontel à la ville, militaire désabusé, prend sous son aile ce jeune idéaliste dont il perçoit les désillusions à venir.
Aux victimes innocentes
Adapté du documentaire et du livre de Patrick Rotman sur la guerre d’Algérie, le long-métrage de Florent-Emilio Siri puise sa singularité dans son parti pris artistique et son propos inhabituel. Le réalisateur français livre un film de genre. Un film de guerre qui dénonce la torture comme Mon colonel et le dilemme, déjà évoqué par La Trahison, de ces Algériens déchirés entre deux patries : la leur et celle qu’ils ont fini par adopter, la France. Toutefois, contrairement à ses prédécesseurs, L’Ennemi intime s’attache surtout à démontrer le traumatisme que fut cette guerre pour tous les combattants et notamment pour ces deux millions de soldats, souvent jeunes, que l’Etat français a envoyé se battre, pis encore, se fourvoyer pour une cause qu’il semble encore difficile de justifier. Florent-Emilio Siri effeuille les âmes de ses personnages pour explorer les recoins des âmes d’hommes partagés entre leur devoir et leur conscience. Chacun d’eux, volontaire ou forcé, finira par choisir son camp. Saïd (Lounes Tazairt), l’Algérien, restera, à sa manière, fidèle à cette France qu’il a défendue contre les Allemands, Terrien ira jusqu’au bout de sa mission et de toutes les compromissions au nom de cette même France.
Face au très charismatique Benoît Magimel, Albert Dupontel sert à merveille son personnage tourmenté et blasé au point de faire de l’ombre à son partenaire. Au centre de cette distribution où l’on retrouve le comédien et humoriste algérien Fellag dont le père fut un résistant, Benoît Magimel est aussi à l’origine du projet de ce long métrage. Quelque fois bien interprété, L’Ennemi intime s’avère pourtant approximatif dans le style. Loin d’avoir le cachet de ses aînés américains, en dépit de l’escapade hollywodienne de Siri avec Otage (2005) et de cette lumière bleutée qui habille le drame des combattants, ce long-métrage a le mérite de faire revivre ce passé douloureux presque comme une thérapie salvatrice.