Ricco, vainqueur de deux étapes de montagne (Super-Besse, Bagnères-de-Bigorre) et l'une des attractions de la course, a été contrôlé positif à l'EPO lors du contre-la-montre de Cholet, 4e étape du Tour, le 8 juillet, par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
Interpellé jeudi vers 12H50 quelques minutes avant le départ de la 12e étape Lavelanet-Narbonne, le coureur italien devrait rester en garde à vue à la gendarmerie de Mirepoix (Ariège) jusqu'à vendredi matin, où il devrait être "présenté au parquet", selon le procureur de la République de Foix Antoine Leroy.
L'autobus de l'équipe Saunier-Duval a ensuite été "appréhendé par les gendarmes" peu avant 17H30 hors du département de l'Ariège, a indiqué M. Leroy.
De plus l'hôtel où était logée l'équipe à Ussat-les-Bains, au sud-est de Foix, a été perquisitionné, a constaté un photographe de l'AFP.
Dans le milieu cycliste, des soupçons de dopage organisé pèsent sur l'équipe espagnole, comme l'a laissé entendre de manière explicite le directeur du Tour Christian Prudhomme.
"J'ai trouvé la supériorité des deux coureurs (de Saunier Duval Piepoli et Cobo) écrasante à Hautacam, ça c'est sûr. Comme vous (les journalistes), a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
"J'ai assurément le sentiment que (le) manager (de Saunier Duval Mauro Gianetti) n'est pas un parangon de vertu. Je ne pense pas que j'aurai une opinion différente sur la personne en question dans trois mois ou dans cinq ans", a-t-il ajouté.
Déjà la domination écrasante de cette équipe lors du Tour du Pays Basque en 2007 avait soulevé des interrogations dans le peloton.
Le responsable de Saunier Duval sur le Tour, Matxin Fernandez, a indiqué jeudi midi que son équipe non seulement se retirait de la course mais aussi qu'elle suspendait momentanément son activité cycliste.
Saunier Duval comptait encore sept coureurs dans le Tour avant son retrait. Notamment le grimpeur italien Leonardo Piepoli, vainqueur lundi dernier de l'étape de Hautacam et qui est très lié avec Ricco, et l'Espagnol Juan Jose Cobo, qui occupait la huitième place du classement général juste devant Ricco.
Du côté des coureurs et des manageurs d'équipe, choqués, les réactions oscillaient entre la colère et la satisfaction de voir un tricheur puni.
Le maillot jaune, l'Australien Cadel Evans (Silence) s'est dit "désolé pour l'image de notre sport, mais au moins, cela veut dire que les contrôles marchent et marchent bien".
"Je suis ravi de voir les tricheurs se faire attraper et que ces gens quittent le peloton". "C'est comme ça qu'on assainit le sport", a estimé pour sa part le vainqueur de l'étape du jour, le Britannique Mark Cavendish (Columbia).
Le manageur de l'équipe Crédit agricole, Roger Legeay, a souligné qu'"il n'y a pas un autre sport qui dénonce le dopage comme nous le faisons dans le vélo". "C'est évidemment un mal nécessaire".
Le manager de Bouygues Telecom Jean-René Bernaudeau a fulminé: "En face de nous, on a des égoïstes qui se moquent de nous". "Qu'on les prenne, qu'on les cuisine bien, qu'on leur demande comment ils font."
Le contrôle positif de Ricco est le troisième dans le Tour 2008 après ceux des Espagnols Manuel Beltran (Liquigas) et Moises Duenas (Barloworld), tous deux déclarés positifs à l'EPO, mais qui n'étaient que des seconds couteaux, contrairement à l'Italien, leader de sa formation.
Avec ce scandale, le Tour, supposé être --une nouvelle fois-- celui du "renouveau", replonge dans les tristes scénarios des années passées.