Pourquoi les chenilles du pin font-elles des processions ?
La chronique de Jean-Luc Nothias.
Alerte ! Elles sont là ! Elles commencent en ce moment à descendre des arbres, en longues processions, après les avoir sévèrement dévorés. On parle même de défoliation, une destruction massive des feuilles et des surfaces végétales. Elles, ce sont les chenilles processionnaires du pin. Ce sont un peu nos criquets dévoreurs à nous. Depuis quelques années, elles se sont considérablement multipliées dans l'Hexagone et ont colonisé de nouveaux territoires. Il a été montré que changement climatique et reboisement en pins aidant, elles remontent vers le nord à raison de 5 kilomètres par an. Parties du sud de la France, elles sont aujourd'hui à 25 kilomètres de Paris, au sud et à l'ouest. La forêt de Fontainebleau est en partie infestée et leurs grands cocons blancs soyeux, lovés au bout des branches hautes de pins, sont visibles un peu partout en lisière. En Belgique, elles sont à 60 kilomètres de Bruxelles et l'armée a été appelée en renfort pour la contenir.
Longues de 3 à 4 centimètres, de couleur brun roux, ces chenilles sont très velues. Et c'est là que le bât blesse. Bien qu'en apparence très mignonnes, elles sont en fait extrêmement urticantes et allergisantes. Elles peuvent provoquer de fortes démangeaisons, des plaies et même pire si leur « poison » atteint les yeux, l'intérieur de la bouche ou des poumons. Et le fait qu'elles débarquent dans de nouvelles zones à fortes populations où on ne connaît pas leurs dangers potentiels fait craindre une recrudescence de ces méfaits. D'autant que les animaux domestiques sont eux aussi concernés. Il ne faut donc absolument pas toucher les nids ou les chenilles, surtout si elles sont en procession.
Chez ces chenilles, la procession est une religion, un véritable mode de vie. De survie plutôt. Pour ces chenilles grégaires, c'est-à-dire qui ne peuvent que vivre en groupe, c'est une stratégie essentielle de défense. Leur devise pourrait être « Une pour toutes, toutes pour une ». Et ce à tous les stades de leur développement.
Papillon deux ou trois jours
On distingue schématiquement huit étapes dans leur cycle de vie. Un cycle d'ailleurs pratiquement totalement dominé par le stade chenille. Car le stade papillon ne dure que deux ou trois jours au milieu de l'été. Il s'agit d'un papillon nocturne. C'est donc un soir que les papillons sortent de terre. Mâles et femelles s'accouplent et ces dernières vont pondre de 100 à 300 œufs sur une branche de pin. Un bon mois après, les larves chenilles naissent et commencent à s'alimenter sur leur support.
Elles grossissent régulièrement et effectueront 5 mues successives. Lorsque les frimas se font sentir, elles tissent un grand abri-nid en soie. Cela leur permettra de maintenir une température bien plus élevée que la température extérieure au cœur de l'hiver. Elles ne sortiront de leur nid douillet que la nuit pour se nourrir. En prenant soin de tisser un fil de soie pour pouvoir retourner à leur point de départ. Au printemps, la colonie va quitter le nid sous la conduite, dit-on, d'une femelle. Elle laisse filer un fil de soie, et aussi sans doute quelques phéromones, et les dizaines de chenilles présentes vont se déplacer à la queue leu leu. C'est assez spectaculaire. Elles vont rechercher un endroit ensoleillé, au sol assez meuble pour s'y enterrer à 10 ou 20 centimètres de profondeur. Là, elles vont tisser des cocons individuels qui deviendront des chrysalides. Elles resteront ainsi plusieurs mois (ou même plusieurs années) avant qu'un beau soir d'été les papillons émergent.
Les moments critiques de ce cycle de vie sont donc ceux du stade chenille. Particulièrement quand elles sont dans le nid ; d'où leur installation sur de hautes branches. Autre moment critique, celui de la sortie du nid et de la descente sur le sol en une procession que l'on pourrait appeler d'« enterrement ». À ce stade, elles sont très exposées à leurs principaux prédateurs, les mésanges. D'où l'importance de disposer d'armes de défense. Et là, la processionnaire du pin se défend bien. Son corps est couvert de millions de petits poils, longs de moins d'un millimètre. Ce sont en fait autant de petits harpons, car leur extrémité supérieure est munie de barbillons acérés qui vont permettre au poil de s'accrocher fermement à la peau. Dès que la chenille sent un danger, elle catapulte littéralement ses minuscules harpons sur le trouble-fête qui l'a dérangée ou attaquée. Avec de cuisantes conséquences. Et les processionnaires ne sont pas les seules à les provoquer. Bien d'autres, très répandues, sont ainsi très « chatouilleuses ». Un dernier petit conseil : méfiez-vous de toutes les chenilles et évitez de les toucher. À bon entendeur…
La chronique de Jean-Luc Nothias.
Alerte ! Elles sont là ! Elles commencent en ce moment à descendre des arbres, en longues processions, après les avoir sévèrement dévorés. On parle même de défoliation, une destruction massive des feuilles et des surfaces végétales. Elles, ce sont les chenilles processionnaires du pin. Ce sont un peu nos criquets dévoreurs à nous. Depuis quelques années, elles se sont considérablement multipliées dans l'Hexagone et ont colonisé de nouveaux territoires. Il a été montré que changement climatique et reboisement en pins aidant, elles remontent vers le nord à raison de 5 kilomètres par an. Parties du sud de la France, elles sont aujourd'hui à 25 kilomètres de Paris, au sud et à l'ouest. La forêt de Fontainebleau est en partie infestée et leurs grands cocons blancs soyeux, lovés au bout des branches hautes de pins, sont visibles un peu partout en lisière. En Belgique, elles sont à 60 kilomètres de Bruxelles et l'armée a été appelée en renfort pour la contenir.
Longues de 3 à 4 centimètres, de couleur brun roux, ces chenilles sont très velues. Et c'est là que le bât blesse. Bien qu'en apparence très mignonnes, elles sont en fait extrêmement urticantes et allergisantes. Elles peuvent provoquer de fortes démangeaisons, des plaies et même pire si leur « poison » atteint les yeux, l'intérieur de la bouche ou des poumons. Et le fait qu'elles débarquent dans de nouvelles zones à fortes populations où on ne connaît pas leurs dangers potentiels fait craindre une recrudescence de ces méfaits. D'autant que les animaux domestiques sont eux aussi concernés. Il ne faut donc absolument pas toucher les nids ou les chenilles, surtout si elles sont en procession.
Chez ces chenilles, la procession est une religion, un véritable mode de vie. De survie plutôt. Pour ces chenilles grégaires, c'est-à-dire qui ne peuvent que vivre en groupe, c'est une stratégie essentielle de défense. Leur devise pourrait être « Une pour toutes, toutes pour une ». Et ce à tous les stades de leur développement.
Papillon deux ou trois jours
On distingue schématiquement huit étapes dans leur cycle de vie. Un cycle d'ailleurs pratiquement totalement dominé par le stade chenille. Car le stade papillon ne dure que deux ou trois jours au milieu de l'été. Il s'agit d'un papillon nocturne. C'est donc un soir que les papillons sortent de terre. Mâles et femelles s'accouplent et ces dernières vont pondre de 100 à 300 œufs sur une branche de pin. Un bon mois après, les larves chenilles naissent et commencent à s'alimenter sur leur support.
Elles grossissent régulièrement et effectueront 5 mues successives. Lorsque les frimas se font sentir, elles tissent un grand abri-nid en soie. Cela leur permettra de maintenir une température bien plus élevée que la température extérieure au cœur de l'hiver. Elles ne sortiront de leur nid douillet que la nuit pour se nourrir. En prenant soin de tisser un fil de soie pour pouvoir retourner à leur point de départ. Au printemps, la colonie va quitter le nid sous la conduite, dit-on, d'une femelle. Elle laisse filer un fil de soie, et aussi sans doute quelques phéromones, et les dizaines de chenilles présentes vont se déplacer à la queue leu leu. C'est assez spectaculaire. Elles vont rechercher un endroit ensoleillé, au sol assez meuble pour s'y enterrer à 10 ou 20 centimètres de profondeur. Là, elles vont tisser des cocons individuels qui deviendront des chrysalides. Elles resteront ainsi plusieurs mois (ou même plusieurs années) avant qu'un beau soir d'été les papillons émergent.
Les moments critiques de ce cycle de vie sont donc ceux du stade chenille. Particulièrement quand elles sont dans le nid ; d'où leur installation sur de hautes branches. Autre moment critique, celui de la sortie du nid et de la descente sur le sol en une procession que l'on pourrait appeler d'« enterrement ». À ce stade, elles sont très exposées à leurs principaux prédateurs, les mésanges. D'où l'importance de disposer d'armes de défense. Et là, la processionnaire du pin se défend bien. Son corps est couvert de millions de petits poils, longs de moins d'un millimètre. Ce sont en fait autant de petits harpons, car leur extrémité supérieure est munie de barbillons acérés qui vont permettre au poil de s'accrocher fermement à la peau. Dès que la chenille sent un danger, elle catapulte littéralement ses minuscules harpons sur le trouble-fête qui l'a dérangée ou attaquée. Avec de cuisantes conséquences. Et les processionnaires ne sont pas les seules à les provoquer. Bien d'autres, très répandues, sont ainsi très « chatouilleuses ». Un dernier petit conseil : méfiez-vous de toutes les chenilles et évitez de les toucher. À bon entendeur…
