Précurseur de la miniature en Algérie
Mohammed Racim revit par ses œuvres
L’art de la miniature en Algérie est lié, entre autres, au nom de Mohammed Racim, sachant qu’initialement, il s’intéressait à la peinture.
A voir une partie de ses œuvres, à l’exemple de Galère algérienne, Terrasses d’Alger, Rue d’Alger, Présentation de la mariée, Dans le jardin d’une villa, Nuit de Ramadhan dans le quartier Sidi M’hamed Echerif (La Casbah), Femmes à la cascade, le regard est attiré par le sens du détail, la précision des traits, la richesse des couleurs et les tons clairs. Racim ne joue pas avec les effets d’ombre et de lumière, comme il n’use pas beaucoup de la calligraphie. Les contours des compositions sont polychromes où couleurs argent et dorées s’alternent. L’ornementation se traduit par des arabesques, motifs et lignes grêles qui s’entrelacent. Décoration où la richesse des détails et les traits déliés minutieusement exécutés complètent l’intensité et la dimension fastueuse de la composition. Racim tire ses sujets du passé de l’Algérie, imaginaire ou réel. Une réalité d’où sont exclues la misère et autres vicissitudes de la vie. Une réalité qu’il met en scène pour mettre en lumière la beauté, la joie, la vie raffinée et les rituels de fête, dans l’intimité des terrasses et des patios aux colonnes torsadées, voûtes et contours de fenêtres décorés avec de la céramique d’où se dégagent des motifs polychromes : c’est le monde de la quiétude, de la félicité et de l’harmonie. Notons que Mohammed Racim est né en 1896 à Alger d’une famille d’artistes (1). En effet, son père, Ali Ben Saïd, et son oncle, Mohammed Ben Saïd Racim, tiennent à La Casbah d’Alger un atelier d’enluminure et de sculpture sur bois. De son côté, il s’intéresse initialement à la peinture et au dessin. A 14 ans, alors qu’il s’apprête à entrer au lycée d’Alger, il est repéré par Prosper Richard, à l’époque inspecteur des arts musulmans. Et cela, en remarquant le cahier de dessin de Racim parmi ceux envoyés à l’expostion de Bruxelles. Il l’engage ainsi comme collaborateur au cabinet de dessin de son service. C’est durant cette période qu’il découvre le livre d’Henri d’Allemagne Trois mois à travers le Khorassan dans lequel il puise ses premières connaissances sur la miniature perse. Celle-ci l’influence, mais il finit par s’en libérer. En 1916, Etienne Dinet lui confie l’ornementation de son livre La Vie de Mahomet. En 1919, il obtint une bourse en Espagne du gouvernement général de l’Algérie. Ce qui lui permet d’étudier à Grenade et à Cordoue l’art hispano-mauresque. Il s’occupe ensuite de l’illustration des ouvrages l’Islam sous la cendre d’Enri Heine, Bostan Saâdi et Omar Khayyâm de R. G. Brown et Khadhra d’Etienne Dinet. Il quitte le cabinet de dessin de Prosper Ricard en 1924 pour se rendre à Paris, où il signe un contrat avec la maison Piazza afin de s’occuper de la décoration de l’ouvrage des Mille et Une Nuits de Mardrus. La même année, il obtient la médaille des orientalistes. Le travail de décoration des Mille et Une Nuits prend huit ans. Entre-temps, il voyage chaque année et visite des musées. A Londres, il s’intéresse aux études iraniennes. Côté expositions, outre Paris où il travaille au département des manuscrits, il expose ses œuvres au Caire, à Rome, à Bucarest, à Vienne et à Stockholm. Son contrat avec la maison Piazza expire en 1932. Il revient en Algérie, reçoit le Grand Prix artistique de l’Algérie en 1933 et entame l’année qui suit sa carrière de professeur à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger. En 1950, il devient membre honoraire de la « Société royale d’Angleterre des miniaturistes et peintres ». Il meurt à El Biar (Alger) au même moment avec sa femme en 1975 dans des conditions tragiques. Dans son essai sur l’art Feuillets épars liés, (éditions SNED, Alger 1983), l’artiste peintre Mohamed Khadda écrit à propos de Racim : « Mohammed Racim excluait de son univers pictural l’hiver et son inclémence, comme en étaient bannies la misère et la douleur. Et tout sentiment violent était pour cet artiste désordre inconvenant. Racim n’avait qu’une unique saison. Une longue et douce saison où l’herbe ne pouvait être que luxuriance, la brise légère, l’air fleurant ‘’le basilic et le lys’’, ces fleurs fiancées qui servent de rituels exergues à nos veillées et de fermoir à nos livres de contes. Il avait sa saison, il avait ses heures où la luminosité étale, enveloppe les choses au lieu de les heurter, les baigne plutôt qu’elle ne les modèle. »
(1) La biographie de Mohammed Racim a été tirée pour l’essentiel de Louis-Eugène Angéli : L’art de la miniature et Mohammed Racim. In la revue Algeria. Nouvelle série, n° 33, novembre-décembre 1954. De la P. 46 à la p.52.
Amnay idir
Mohammed Racim revit par ses œuvres
L’art de la miniature en Algérie est lié, entre autres, au nom de Mohammed Racim, sachant qu’initialement, il s’intéressait à la peinture.
A voir une partie de ses œuvres, à l’exemple de Galère algérienne, Terrasses d’Alger, Rue d’Alger, Présentation de la mariée, Dans le jardin d’une villa, Nuit de Ramadhan dans le quartier Sidi M’hamed Echerif (La Casbah), Femmes à la cascade, le regard est attiré par le sens du détail, la précision des traits, la richesse des couleurs et les tons clairs. Racim ne joue pas avec les effets d’ombre et de lumière, comme il n’use pas beaucoup de la calligraphie. Les contours des compositions sont polychromes où couleurs argent et dorées s’alternent. L’ornementation se traduit par des arabesques, motifs et lignes grêles qui s’entrelacent. Décoration où la richesse des détails et les traits déliés minutieusement exécutés complètent l’intensité et la dimension fastueuse de la composition. Racim tire ses sujets du passé de l’Algérie, imaginaire ou réel. Une réalité d’où sont exclues la misère et autres vicissitudes de la vie. Une réalité qu’il met en scène pour mettre en lumière la beauté, la joie, la vie raffinée et les rituels de fête, dans l’intimité des terrasses et des patios aux colonnes torsadées, voûtes et contours de fenêtres décorés avec de la céramique d’où se dégagent des motifs polychromes : c’est le monde de la quiétude, de la félicité et de l’harmonie. Notons que Mohammed Racim est né en 1896 à Alger d’une famille d’artistes (1). En effet, son père, Ali Ben Saïd, et son oncle, Mohammed Ben Saïd Racim, tiennent à La Casbah d’Alger un atelier d’enluminure et de sculpture sur bois. De son côté, il s’intéresse initialement à la peinture et au dessin. A 14 ans, alors qu’il s’apprête à entrer au lycée d’Alger, il est repéré par Prosper Richard, à l’époque inspecteur des arts musulmans. Et cela, en remarquant le cahier de dessin de Racim parmi ceux envoyés à l’expostion de Bruxelles. Il l’engage ainsi comme collaborateur au cabinet de dessin de son service. C’est durant cette période qu’il découvre le livre d’Henri d’Allemagne Trois mois à travers le Khorassan dans lequel il puise ses premières connaissances sur la miniature perse. Celle-ci l’influence, mais il finit par s’en libérer. En 1916, Etienne Dinet lui confie l’ornementation de son livre La Vie de Mahomet. En 1919, il obtint une bourse en Espagne du gouvernement général de l’Algérie. Ce qui lui permet d’étudier à Grenade et à Cordoue l’art hispano-mauresque. Il s’occupe ensuite de l’illustration des ouvrages l’Islam sous la cendre d’Enri Heine, Bostan Saâdi et Omar Khayyâm de R. G. Brown et Khadhra d’Etienne Dinet. Il quitte le cabinet de dessin de Prosper Ricard en 1924 pour se rendre à Paris, où il signe un contrat avec la maison Piazza afin de s’occuper de la décoration de l’ouvrage des Mille et Une Nuits de Mardrus. La même année, il obtient la médaille des orientalistes. Le travail de décoration des Mille et Une Nuits prend huit ans. Entre-temps, il voyage chaque année et visite des musées. A Londres, il s’intéresse aux études iraniennes. Côté expositions, outre Paris où il travaille au département des manuscrits, il expose ses œuvres au Caire, à Rome, à Bucarest, à Vienne et à Stockholm. Son contrat avec la maison Piazza expire en 1932. Il revient en Algérie, reçoit le Grand Prix artistique de l’Algérie en 1933 et entame l’année qui suit sa carrière de professeur à l’Ecole nationale des beaux-arts d’Alger. En 1950, il devient membre honoraire de la « Société royale d’Angleterre des miniaturistes et peintres ». Il meurt à El Biar (Alger) au même moment avec sa femme en 1975 dans des conditions tragiques. Dans son essai sur l’art Feuillets épars liés, (éditions SNED, Alger 1983), l’artiste peintre Mohamed Khadda écrit à propos de Racim : « Mohammed Racim excluait de son univers pictural l’hiver et son inclémence, comme en étaient bannies la misère et la douleur. Et tout sentiment violent était pour cet artiste désordre inconvenant. Racim n’avait qu’une unique saison. Une longue et douce saison où l’herbe ne pouvait être que luxuriance, la brise légère, l’air fleurant ‘’le basilic et le lys’’, ces fleurs fiancées qui servent de rituels exergues à nos veillées et de fermoir à nos livres de contes. Il avait sa saison, il avait ses heures où la luminosité étale, enveloppe les choses au lieu de les heurter, les baigne plutôt qu’elle ne les modèle. »
(1) La biographie de Mohammed Racim a été tirée pour l’essentiel de Louis-Eugène Angéli : L’art de la miniature et Mohammed Racim. In la revue Algeria. Nouvelle série, n° 33, novembre-décembre 1954. De la P. 46 à la p.52.
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